MSI 2019 : Invictus Gaming, le favori de la compétition
La saison 8 a marqué un tournant dans les rapports de force internationaux, et la LPL est désormais considérée comme la meilleure ligue de la planète. Si cette domination s’apparente surtout aux performances de RNG (MSI, Rifts Rivals et Asian Games) et d’Invictus Gaming aux Worlds plutôt qu’à une nette prise de pouvoir de l’empire du Milieu, c’est bien dans la peau du grand favori que la championne du monde en titre participera à l’édition 2019 du Mid-Season Invitational. Facile vainqueur de la ligue chinoise durant les Play-offs, nous avons décidé de nous intéresser au jeu de Rookie et sa bande avant son entrée en lice dans la compétition ce vendredi.
La draft
Si la méta a évolué depuis son sacre mondial, l’une des principales forces d’Invictus reste ses sololanes et l’utilisation des flex picks. C’est pourquoi durant la saison régulière de LPL Jayce a été banni dans 74% des parties du futur champion, suivi par Akali (37%) et Irelia (34%). Si l’on se concentre plus sur les Play-offs, c’est Ryze qui a été le champion le plus priorisé par IG avec 5 picks pour 100% de victoire, à chaque fois sélectionné en premier.
Si la formation ne peut mettre la main sur le mage runique, elle a alors tendance à prendre le jungler avec en priorité Rek’sai. Nous verrons un peu plus loin pourquoi, mais il s’agit du meilleur champion de Ning et de très loin. Sinon il s’agira de Lee Sin, le champion le plus joué par le jungler chinois cette saison, ou d’un autre jungler agressif.
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Exemple de pourquoi il ne faut pas laisser Rek'sai à Ning
Une fois ces deux étapes franchies, Invictus fera le choix “de sacrifier” sa botlane afin de permettre à TheShy et Rookie d’avoir le meilleur match up possible. C’est ainsi que JackeyLove et Baolan voient généralement leur duolane sélectionnée dans la première phase de pick, avec des champions pouvant aisément survivre à la phase de lane : Galio, Rakan ou Braum en support, Xayah, Kalista ou Kai’sa pour l’ADC.
Le début de partie
Les premières minutes de jeu d’Invictus Gaming sont assez particulières. En effet il y a une chose de sûre, c’est que Ning cherchera à gank très tôt, surtout la toplane, mais il utilisera pour cela des routes de jungle peu standards, le rendant difficile à lire. C’est en sachant cela que l’on comprend la préférence du jungler chinois pour Rek’sai : la Traqueuse du Néant lui offre la possibilité de traverser tous les murs de la carte afin de surprendre ses adversaires.
Mais outre sa faculté à innover dans ses déplacements, Ning est un adepte du camping top, et il n’hésite pas à dive très tôt si cela permet à TheShy de prendre le dessus sur son vis-à-vis. Conséquence de cette omniprésence de Ning sur le topside de la carte, la duolane d’IG se retrouve souvent isolée. Si sa gestion des vagues de sbires lui permet de ne pas trop s’exposer, cette faiblesse reste exploitable.
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Le plan de jeu standard de l’équipe chinoise peut donc se résumer ainsi : appuyer sur la toplane et profiter de la pression des sololanes pour permettre à Ning de snowball tandis que la botlane survit.
La patte Invictus
Au-delà des potentielles extravagances de Ning, les champions du monde ont tendance à jouer les 12/13 premières de manière classique. Mais à partir de ce timing, qui correspond à l’achat du premier objet de JackeyLove si sa lane s’est passée normalement, Invictus va accélérer la partie en envoyant sa botlane au top. Cette rotation a deux objectifs : détruire la première tour déjà entamée par TheShy et ainsi optimiser la destruction des boucliers des tourelles, et/ou assurer la prise du Héraut de la Faille.
En prenant l’initiative de cette action, IG se retrouve dans une situation confortable : soit l’adversaire ne répond pas efficacement et IG sécurise deux objectifs importants, soit il tente de défendre, mais dans ce cas-là il se retrouve en position défavorable du fait qu’Invictus possède généralement un avantage de vision grâce à sa domination du topside de la carte, et c’est là que le talent en escarmouche de la formation chinoise fait la différence.
Exemple parfait de la rotation d'IG (1ère partie de la demi-finale contre Topsports) : contrôle de la vision dans la rivière, pression sur la tour et prise du Héraut de la Faille
Dans la continuité de cette première rotation, IG n’hésite pas à se regrouper très vite afin de prendre au plus vite la première tour sur la midlane, que ce soit avec l’Herald, s’il n’a pas été utilisé avant 14 minutes afin d’optimiser le gain de golds, ou non. L’objectif est simple : ouvrir la carte pour permettre à Ning de faire ce que bon lui semble.
Comment IG termine ses parties
Une fois la tourelle extérieure mid prise, Invictus aime mettre en place un faux 1-4-0 dans lequel TheShy va pouvoir abuser de son avantage. De plus si la duolane prend bien place sur la midlane afin de prendre la priorité, Rookie va plus évoluer comme un électron libre entre une sidelane et la midlane, tandis que Ning aura tendance à rester en couverture du centre de la carte. Cependant si le jungler incarne Rek’sai, il agira surtout comme un assassin et profitera des zones d’ombre créées par ses coéquipiers.
En effet la force de la formation chinoise une fois son système préférentiel mis en place est sa capacité à réduire à mettre dans le noir son opposante dans la rivière autour du Baron Nashor. En agissant ainsi, IG met son adversaire sous pression permanente en attendant que ce dernier ne s’expose afin de le punir dans des affrontements déséquilibrés, que ce soit par l’avance aux golds, le manque d’information ou la supériorité mécanique de ses joueurs.
30 secondes, c'est le temps qui sépare les deux images. IG, en bleu, plonge complètement dans le noir JDG durant la première partie de la finale de la LPL (20 minutes de jeu)
Ces séquences de prise d’information durent le temps qu’une erreur soit exploitée. Si le résultat de l’affrontement est suffisamment bon pour le collectif chinois, le Nashor est ensuite récupéré et il lui faut rarement plus pour terminer (moyenne des parties 30.03 minutes durant la saison régulière, le plus faible au sein des ligues majeures). Il ne faut également pas oublier qu’IG n’hésite pas à prendre des teamfights même quand les conditions optimales ne sont pas réunies, ce qui a tendance à accélérer la partie.
Les failles
Elles ont le mérite d’exister bien qu’elles soient peu nombreuses. La première d’entre elles est Ning. Joueur génial s’il réussit ses premiers ganks ou s’il met la main sur Rek’sai, sa perte d’impact sera significative s’il est mis en difficulté dans les premières minutes. La deuxième, toujours en rapport avec le jungler chinois, et sa tendance à camper le haut de la carte possède un autre revers que celui d’isoler la botlane : les dragons. Avec la duolane sous pression la rivière botside se retrouve peu ou pas contrôlée, et il arrive que l’équipe cherche à défendre l’objectif alors qu’elle ne devrait pas, s’exposant ainsi à son adversaire.
Ensuite vient le cas des sololaners qui ont une certaine tendance à trop s’avancer sur leurs lanes, et ce sans coéquipiers à proximité ou de vision, ce qui entraîne des morts évitables qui ralentissent le rythme. Enfin si IG est redoutable lorsqu’il s’agit de retirer la vision adverse, sa propre prise de vision n’est pas infaillible. Ce manque combiné à quelques morts inutiles peut empêcher la formation d’imposer son rythme habituel et la mettre en difficulté si son opposante n’est pas contrainte de s’exposer.
Troisième partie de la demi-finale contre Topsports : exemple d'un abus d'un pick peu standard de TheShy
En conclusion si Invictus Gaming possède quelques faiblesses exploitables, il s’agit surtout d’une machine bien huilée qui laisse place à une certaine adaptation au sein d’une partie. La flexibilité des joueurs couplés à des capacités mécaniques très élevées a permis à l’équipe de survoler les Play-offs de la LPL. Favori du MSI, le collectif devrait logiquement soulever son deuxième trophée international le 19 mai prochain, et devenir ainsi la deuxième équipe a possédé les titres de champion du MSI et du Monde en même temps.