Talk avec Strey en Corée : immersion dans un grind intense, une aventure humaine et une explosion médiatique
Depuis quelques semaines, deux figures bien connues de la scène française de League of Legends ont pris la direction de la Corée du Sud : Strey et Splinter. Un projet ambitieux pensé de longue date, devenu réalité au printemps, qui mêle performance en solo queue, découverte culturelle et création de contenu à grande échelle. Le succès est au rendez-vous, avec des audiences records sur leurs streams et un engouement grandissant autour de leur aventure.
Dans cette série d'interviews, nous avons eu la chance d’échanger avec Strey, qui revient en détail sur cette expérience unique. De la genèse du projet à son quotidien en Corée, en passant par son rapport à la compétition, il nous livre un témoignage sincère, passionné, et souvent drôle.
Interview avec Strey : Une aventure en Corée, l'avenir du streaming et les projets à venir
Le voyage de Strey en Corée, en compagnie de Splinter, n'était pas seulement un défi sur le ladder coréen de League of Legends, mais aussi une expérience qui a transformé leur quotidien. Partis sans grandes attentes, leur aventure a pris une ampleur inattendue, captivant une communauté grandissante. Leur histoire est celle de deux amis, de leur passion commune pour le jeu et de la découverte d'une culture fascinante.
Une montée en puissance inattendue à leur arrivée
Au début de leur aventure, Strey et Splinter n'avaient pas anticipé l'ampleur de leur succès. "On n’avait pas spécialement d’attente avec Splinter quand on est partis en Corée", raconte Strey. "On savait que ça serait un gros événement, mais on y allait surtout pour le plaisir." Et pourtant, dès leur arrivée, ils ont vu leur audience exploser. Strey se souvient avec enthousiasme : "Le premier jour, on a fait des gros stats. On est monté à 7000-8000 viewers à deux. C’était quand même des gros stats." Et cette montée en puissance n’a cessé de croître, avec Splinter atteignant des pics impressionnants de 10 000-12 000 viewers.
Ce succès est un "gros plus", dit Strey, qui ajoute : "C’est un gros plus parce qu'on est très contents de visiter la Corée, de découvrir le ladder, de jouer contre des bons joueurs." Leur réussite n'est pas seulement le fruit du jeu, mais aussi de leur engagement à créer du contenu de qualité et à partager leur aventure avec la communauté.
Partie cn Corée du Sud : un projet mûri et réfléchi
L'idée de partir en Corée a émergé bien avant leur départ effectif. Strey et Splinter se connaissent depuis trois ans et ont commencé à discuter de ce projet il y a environ deux ans. "On aimait beaucoup faire du contenu ensemble, et la Corée, c'était quelque chose qui n'avait pas été beaucoup exploité en France". Leur projet était simple : combiner leur passion pour League of Legends et leur désir de créer du contenu original. Toutefois, ce n'est qu'après plusieurs mois de planification et la rencontre au League of Its Own en décembre que tout s'est concrétisé.
"On a vu avec une agence pour avoir des sponsors, parce qu’évidemment, forcément, c’est un budget de partir en Corée". Après avoir trouvé les partenaires nécessaires et réglé les détails logistiques avec un contact en Corée, le duo a enfin pu s’envoler, début avril.
Une dynamique positive entre Strey et Splinter
L'un des aspects les plus marquants de leur expérience en Corée est la relation entre Strey et Splinter. Au lieu de créer des rivalités ou des tensions, ils ont choisi de se soutenir mutuellement tout au long de leur aventure. "On voulait vraiment pousser l’autre à la réussite. Quand moi, je perds, il est là, il me soutient, il vient me remonter le moral."
Cette atmosphère de soutien mutuel est essentielle pour leur bien-être, loin de l'esprit de compétition négatif qui peut parfois détruire des amitiés. "C’est beaucoup plus sain comme ça. Je suis hyper content pour lui. Il est rank 3, il fait des stats de fou." Pas de pression, juste une volonté commune de se dépasser tout en gardant une ambiance positive.
Explorer la Corée : une immersion partielle
Bien que leur priorité soit restée le grind sur le ladder, Strey et Splinter ont aussi pris le temps d'explorer un peu la Corée. "On s’est fait quelques petits restos, notamment des barbecues coréens, et un bibimbap" Ils ont également fait une randonnée, mais Strey précise : "On est surtout focus sur le grind. Notre routine, c’est de jouer beaucoup à LoL, faire un peu de sport, marcher un petit peu."
Mais à la fin de leur séjour, ils prévoient de prendre une vraie semaine pour visiter Séoul et explorer plus en profondeur. Strey souligne que Splinter a notamment visité le quartier festif de Hongdae, tandis que lui préfère les randonnées et les moments tranquilles.
Un retour incertain, mais pas de regrets
Alors que leur aventure approche de la fin, Strey et Splinter n'ont pas encore pris leurs billets de retour. Ils prévoient de rester jusqu'à la mi-mai, en fonction de leurs objectifs sur le ladder. Strey mentionne : "Nos comptes seront délets à partir du 15 mai, donc on a une deadline." Avant de rentrer, ils comptent prendre du temps pour vraiment profiter de la Corée et visiter plus en profondeur.
Les petits manques de la Corée : un retour aux racines
Quand on lui demande ce qui lui manque le plus en Corée, Strey ne manque pas de répondre avec humour : "Le fromage. Le fromage en Corée, il n’a pas de goût et il n’y en a pas. C’est trop triste." Ce cliché du Français amoureux de son fromage prend tout son sens lorsque Strey explique que l'absence de bons fromages en Corée est un réel manque. Bien sûr, sa famille et ses proches lui manquent aussi, mais pour lui, le fromage reste un incontournable du quotidien.
Solo queue coréenne vs européenne : un écart surtout visible au sommet
Interrogé sur la fameuse différence de niveau entre l’Europe et la Corée en solo queue, il tempère le mythe. “Le niveau est légèrement supérieur, mais ça se voit uniquement à partir du très haut elo.” Selon lui, jusqu’au rang Master ou Grand Master, les différences restent ténues. C’est vraiment au niveau Challenger, quand on croise des joueurs LCK, LPL ou encore des semi-pros, que l’écart devient palpable.
Outre le niveau, il souligne une approche très spécifique du jeu en Corée : les parties y sont beaucoup plus dynamiques, avec un fort accent mis sur les mécaniques pures et les affrontements constants. “Ils sont là pour se battre, ils veulent juste outplay.” Cette envie de duel permanent rend les games “décousues” et parfois frustrantes pour ceux qui préfèrent une lecture macro ou stratégique plus posée.
Une culture du FF très présente
Autre différence marquante : les Coréens abandonnent beaucoup plus souvent les parties (FF). Cela s’expliquerait, selon les locaux, par la culture des PC Bang – ces cafés où l’on paie à l’heure pour jouer. “Pour rentabiliser le temps de jeu, ils FF pour pouvoir relancer vite une nouvelle partie.” Un fonctionnement qui peut surprendre les Européens habitués à s’accrocher plus longtemps dans une game.
Rencontres avec les légendes de la solo queue coréenne
Passé très haut elo, notre streamer a eu l’occasion de jouer avec quelques grands noms de la scène coréenne. S’il n’a pas été “choqué” dans le sens spectaculaire, il reconnaît que la régularité et l’absence d’erreurs de certains joueurs pro sont impressionnantes. Il cite notamment Faker, avec qui il a gagné une partie en 15 minutes, ou encore Gideon (jungler chez Nongshim RedForce), particulièrement brillant mécaniquement.
Et après la Corée ? La Chine, un rêve encore flou
Lorsqu’on lui demande s’il souhaiterait réitérer cette aventure à l’étranger, il répond sans hésiter : la Chine serait incroyable. Notamment pour accéder au super serveur chinois, réputé pour son niveau. Cependant, il évoque plusieurs freins : l’accessibilité plus complexe, l’absence de contacts sur place, et les incertitudes concernant Twitch en Chine. Pour l’instant, ce projet reste un rêve à moyen terme.
Un fan d'esport ou un simple joueur de LoL ?
S’il ne suit pas les matchs de League of Legends avec ferveur, il garde un œil sur les résultats, notamment ceux de la Karmine Corp. “J’aime trop leur éthique de travail, leur détermination, la volonté d’aller aux Worlds.” Il soutient à fond l’équipe et salue leur storytelling inspirant.
Des idoles de toujours : Skyyart, Aldé et la génération Eclipsia
Côté inspiration, pas de modèle unique mais plusieurs figures marquantes. Il cite Skyyart comme premier déclencheur de sa passion pour League of Legends, suivi de près par Aldé. L’époque Eclipsia, Solary, Wakz ou Chap a aussi nourri son parcours. Pour son “Mont Rushmore” personnel des streamers, il placerait :
- Skyyart
- Aldériate
- Crocodile (notamment à l’époque où il jouait à LoL)
- Wakz
Un regard sur l'après-Corée : le retour aux racines du streaming
Après plusieurs semaines passées en Corée, Strey se retrouve à une croisée des chemins. Le streamer, habitué à la scène compétitive de League of Legends, évoque sa décision de se concentrer pleinement sur le streaming après son retour. "La Corée m’a donné encore plus envie de continuer à grinder sur LoL", confie-t-il. Cependant, il n'écarte pas l'idée de se diversifier dans le multigaming, un domaine qui le fascine. "Je suis un peu dans une phase bizarre, je ne sais pas encore exactement ce que je veux faire", mais il se projette déjà dans des projets comme la Z-Lan de Zerator, un événement de grande envergure qu'il rêve de participer en mode "tryhard".
Son objectif à court terme ? Devenir Rank 1 en Europe sur League of Legends. "C'est vraiment mon gros objectif, ça me ferait trop plaisir", déclare-t-il. Cependant, Strey ne cache pas que Garen, un de ses champions historiques, a désormais pris du recul dans ses priorités. "Il faut jeter Garen à la poubelle", plaisante-t-il, tout en affirmant qu'il est prêt à relever de nouveaux défis, notamment en apprenant un champion de A à Z.
De joueur pro à coach : une réflexion sur le monde de l'e-sport
L'expérience de Strey en Corée, où il a côtoyé des joueurs professionnels en solo queue, a également nourri ses réflexions sur l'univers de l'e-sport. S'il a envisagé, à un moment donné, de se lancer dans une carrière de joueur pro, Strey admet que ce mode de vie ne lui correspond plus aujourd’hui. "Joueur pro, c'est un métier qui coûte beaucoup. Tu fais énormément de sacrifices, tu as très peu de liberté, et il y a la pression de la performance".
À 21 ans, Strey semble avoir pris une décision mûrement réfléchie. Le rôle de coach, bien que fascinant, ne l'attire pas non plus. "Il faut avoir des compétences en termes de coaching, de gestion d'équipe, et une connaissance très poussée de la macro", affirme-t-il, tout en soulignant qu'il se sent un peu "imposteur" dans ce domaine. En fin de compte, Strey se voit plutôt continuer sa carrière de streamer, un domaine qui correspond mieux à sa personnalité extravertie et à son désir de liberté.
Un projet de rêve : un solo queue challenge en Corée
Lorsqu'on lui demande de dévoiler son projet idéal, Strey laisse libre cours à son imagination. "Organiser un énorme solo queue challenge en Corée", lance-t-il, un rêve ambitieux mais clairement ancré dans sa passion pour le jeu compétitif. "Inviter 50 joueurs francophones en Corée, les réunir dans un même hôtel et organiser une compétition avec un cash prize énorme", imagine-t-il. Un projet qui mêlerait compétition intense et moments de camaraderie, tout en mettant en lumière la communauté francophone de League of Legends.
L'avenir : du multigaming à l'événementiel
Si Strey se projette encore quelques années sur League of Legends, son regard se tourne déjà vers le multigaming et l'événementiel. Inspiré par des figures comme Domingo ou Zerator, il rêve de créer des événements à grande échelle qui rassembleraient la communauté autour de projets innovants. "Ce que propose un Zerator, avec des gros événements, ça me parle beaucoup", explique-t-il. Bien que son parcours futur soit encore incertain, il semble déterminé à explorer de nouvelles voies, tout en restant fidèle à sa passion du gaming.
Conclusion : un chemin pavé de gratitude
La dernière question de l'interview lui permet d'exprimer sa gratitude envers sa communauté. Strey remercie chaleureusement tous ceux qui l'ont soutenu tout au long de son aventure en Corée, notamment ses abonnés et les fans qui ont suivi son parcours vers le Challenger. "On a eu la chance de partir en Corée pour vivre notre passion", dit-il avec émotion. Son voyage en Corée a été marqué par des hauts et des bas, mais il garde en mémoire un soutien inestimable de ses fans, ce qui l'a profondément touché.
Avec un regard tourné vers l'avenir et une vision claire de ses priorités, Strey continue de tracer sa route dans le monde du streaming, du gaming et de l'événementiel, tout en restant fidèle à ses passions et à sa communauté. Le meilleur est à venir pour lui, et pour ceux qui le suivent avec autant de passion.

