CSGO : Retour sur l'ELEAGUE Major Boston 2018

Du sacre de Cloud9 à l'échec des anciennes Légendes, retour sur les faits marquants du Major ELEAGUE.

Entre la victoire finale de Cloud9, l'élimination précoce des anciennes Légendes et ses nombreuses polémiques, l'ELEAGUE Major n'aura pas été de tout repos. Tour d'horizon des événements qu'il ne fallait pas manquer.

Le sacre C9, la délivrance pour la scène NA

 

Le douzième Major aura été le bon pour l’Amérique du Nord. Jusqu’à la semaine dernière, le meilleur résultat dont pouvait se targuer la scène NA était la finale de Team Liquid lors de l’ESL One 2016. Et encore, son effectif n’était pas entièrement nord-américain, puisque s1mple était alors utilisé comme remplaçant.

 

Le parcours fantastique de Cloud9 a changé la donne. En place depuis le dernier shuffle après le Major PGL de juillet dernier, l’équipe est petit à petit montée en puissance, enchaînant les bonnes prestations dans les tournois ces six derniers mois. Mais entre une équipe solide lors des évènements moindres et un gagnant de Major, il y a un gouffre. Personne n’aurait misé sur Cloud9 il y a trois semaines avant le début des qualifications. Encore moins lorsque l’équipe était à 0-2 dans les rondes du New Legends Stage. Pourtant, l’équipe a su trouver des ressources inattendues, emmagasiner de plus en plus de confiance et s’adapter au jeu de ses adversaires.

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Cloud9 soulevant le trophée du Major (Crédits ELEAGUE)

 

Plus important encore, ce sacre est tout sauf une victoire au rabais. Dans sa folle épopée, Cloud9 a successivement battu Astralis, G2 Esports, SK Gaming puis FaZe Clan. Soit rien de moins que les 4 meilleures équipes du monde avant ce tournoi. On a connu parcours plus facile.

 

G2, encore raté

 

Pendant deux semaines, G2 Esports a impressionné à chaque match. Les Français étaient appliqués, avec un kennyS en grande forme et un shox débarrassé de son rôle de leader ingame pour lui permettre de briller pleinement. Résultat, un 6-0 lors des deux phases de rondes, un statut de Légende acquis pour la première fois depuis la DreamHack Cluj-Napoca en octobre 2015. Une anomalie tant la scène française regorge de talents reconnus au niveau mondial, souvent dispersés dans les mauvaises équipes.

 

Mais comme souvent, G2 s’est effondrée quand l’heure des play-offs est venue. L’équipe sûre de sa force s’est retrouvée avec des piliers balbutiants. Les rares éclairs de shox ou bodyy n’ont jamais suffi à faire douter Cloud9, et l’équipe française est sortie par la petite porte de ce Major après deux défaites sèches. Le potentiel de cette line-up n’est plus à démontrer, et ses victoires lors de l’ESL Pro League 5 ou de la DreamHack Masters Malmö sont là pour le rappeler, mais elle manque cruellement de constance. Ne reste plus qu’à espérer que ses récents changements permettent à l’équipe de s’installer dans la durée dans le top mondial, à moins qu’un nouveau french shuffle ne vienne redistribuer les cartes.

 

L’échec des Légendes

 

Sur 8 des Légendes du dernier Major, seulement 2 - SK Gaming et Fnatic - ont réussi à conserver leur place en top 8. Un échec inédit depuis l’instauration des Majors. Si le spot de 100 Thieves était voué à changer de main après leur forfait pour cause de visas, certaines sorties de routes étaient inattendues.

 

Virtus.pro et North n’ont pas remporté le moindre match lors du tournoi et n’ont jamais montré qu’ils avaient leur place dans ce tournoi. Les Polonais semblent d’ailleurs au plus mal après 6 mois d’éliminations prématurées, et les heures du plus ancien roster de la scène, Légende depuis mars 2014, semblent comptées. BIG, surprise du dernier Major, et Astralis, faisant partie du top 4 mondial, n’ont fait guère mieux avec seulement une victoire. Quant à Gambit, ils auraient pu espérer un meilleur sort mais le tirage au sort leur a été fatal. Le visage du haut niveau a changé de manière drastique, reste maintenant aux nouvelles têtes d’affiche à confirmer.

 

Un format de plus en plus critiqué

 

Que serait un tournoi sur un jeu Valve sans ses polémiques ? Probablement plus un événement majeur, tant celles-ci rythment la vie de CS:GO et Dota2. Alors évidemment, ce Major n’a pas échappé à son lot de critique.

 

En première ligne le format des rondes suisses en Bo1, effectuées sans têtes de séries après la première, et qui réservent souvent des affrontement entre les meilleurs équipes tandis que les plus faibles bénéficient de matchs plus abordables. Voir s’affronter North et Astralis à 0-1, ou Fnatic et Gambit alors que des équipes mineures comme Vega ou Space Soldiers faisaient partie des tirages possibles en a choqué plus d’un. Si depuis son instauration il y a un an le système des rondes suisses a été globalement bien accueilli, son lot fréquent de surprises et d’équipes majeures laissées sur le carreau semble annoncer sa perte. Une solution pourrait être des rondes jouées en Bo3 pour limiter les surprises, comme cela sera testé lors de la Saison 4 des StarSeries d’ici deux semaines.

 

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La fatigue visible sur les visages des joueurs de SK Gaming (Crédits ELEAGUE)

 

L’autre point noir du tournoi est un vieil ami de la scène, revenant probablement à chaque événement ou presque. Dans sa configuration actuelle, le Major voit ses trois premiers quarts de finale joués le vendredi, avant que ne prennent place le samedi le dernier quart ainsi que les demi-finales. Ce qui offre une journée marathon au dernier demi-finaliste, qui doit enchaîner un nouveau bo3 avec seulement quelques heures de pause, quand son adversaire a pu bénéficier d’une nuit de repos. Une situation encore plus problématique quand le quart de finale dure comme lors de ce Major, puisque le match entre SK et Fnatic a duré plus de 5h30, entre ses matchs serrés et ses problèmes techniques à rallonge. Un changement semble évident et nécessaire, tant les visages usés des Brésiliens de SK ont choqué lors de leur demi-finale contre Cloud9.

 

Problème, les alternatives ne sont pas légion. Il semble aujourd’hui impensable de repasser tous les quarts de finale sur le même jour, pour des journées de 13 heures se terminant bien après minuit, que ce soit pour les joueurs mais aussi pour les équipes de production, casters compris. La solution de faire jouer la partie haute du bracket le vendredi et la partie basse le samedi a été depuis longtemps enterrée par Valve. Alors à moins qu’un stream secondaire soit mis en place pour faire jouer un quart de finale, qui ne verrait donc pas la scène, ou d’exploser les coûts de production du tournoi pour disposer d’un jour supplémentaire, les samedis marathon ont du beau temps devant eux.

Suspense et niveau de jeu au rendez-vous

 

Si les deux phases de rondes ont été globalement décevantes malgré le coup de frais apporté par l'insouciance des Space Soldiers, les play-offs du Major ont comblé toutes les attentes. Hormis le quart de finale entre Na’Vi et QBF, tous les matchs ont été un minimum serré et apporté leur lot de spectacle. Mention spéciale évidemment pour la finale, qui a battu le record d’audience de Twitch avec son double overtime, où la capacité d’adaptation de Cloud9, notamment dans la gestion de l’AWP du côté CT, a fait la différence.

 

Surtout, et au contraire des derniers Majors, les deux meilleures équipes du moment ont répondu présent. FaZe a survolé le tournoi et aurait bien pu remporter le tournoi sans deux ou trois actions décisives de tarik et Skadoodle. Même son de cloche pour SK Gaming, qui a rythmé le samedi de ses matchs marathons pour son dernier match avec felps. Des performances de qualité qui donnent encore plus de valeur à la victoire finale de Cloud9 et annoncent une nouvelle saison où le règne brésilien devrait être plus contesté que lors de ces derniers mois.