LoL : Gambit, l'histoire d'une légende venue de l'est Worlds 2017

Toutes les belles histoires connaissent des rebondissements. Celle-ci est peut-être l'une des plus belles de League of Legends.

Il était une fois, une histoire. L'histoire d'une équipe au nom évocateur, Gambit Gaming. Cette structure mythique du paysage européen et mondial revient ce week-end sur le devant de la scène. Opposés à Team WE et à Lyon Gaming lors du Play-in des Worlds, les cinq joueurs qui portent aujourd’hui ce maillot chargé d’histoires ont redonné de l’allant et des couleurs à une structure qui, après avoir côtoyé le soleil pendant des années, est restée bien longtemps dans l’ombre. À l’origine de cette épopée, on trouve cinq amis, qui se sont hissés au sommet mondial de League of Legends, et une équipe dont les deux noms résonnent très fort encore aujourd'hui dans les têtes et dans les coeurs, bien qu'elle ait disparu pendant des mois et des mois sans réellement trouver de point de chute. Revenons le temps d'un article sur la première vraie success-story de League of Legends : les Moscow 5 / Gambit.

Gambit, le retour de la légende russe

 

La descente aux enfers...

La première cassure dans l’histoire des M5 intervient en 2013, lorsqu’Edward annonce son départ. Les équipiers ne s’étaient jamais séparés, et ce premier départ a été le début d’une très longue suite de mésaventures pour Gambit. Une troisième place décevante au Summer Split et le retour du support n’ont pas suffit à faire rester Alex Ich, le midlaner russe s’en allant alors vers d’autres horizons après la très décevante cinquième place du Spring Split 2014 (14-14). Le polonais niQ le remplace alors, sans jamais trouver la même alchimie, ou le même talent que son prédécesseur avec ses quatre coéquipiers, l’équipe se faisant très largement dépasser par les grosses écuries comme Fnatic. Gambit prenait l’eau, subissant de plein fouet le style de jeu qu’ils avaient contribué à créer des années auparavant, et qui les dépassait largement. Avec 8 victoires pour 20 défaites, les Gambit ont été obligés de défendre leur place au tournoi de promotion pour rester aux LCS. La machine était enrayée.

Gambit, le retour de la légende russe

 

... puis une disparition

Après ces résultats décevants, l’équipe éclate. Darien et Genja décident de partir, et la structure recrute alors Cabochard, P1noy et Betsy pour combler les manques. Cependant, même si l’équipe performe beaucoup mieux, la passion et l’engouement créés à l’époque des Moscow 5 n’étaient plus là. L’équipe étant dépassée en terme de fans par les structures comme Fnatic, Origen ou UoL. Gambit décide alors en décembre 2015 de vendre son slot LCS à Team Vitality, encore présente aujourd'hui. Et c’est ainsi que l'équipe a subitement disparu des LCS à la fin de l’année 2015, mettant définitivement un terme à la glorieuse époque Moscow 5, véritable success-story et coqueluche du public du monde entier, arrivés au top par hasard, et le quittant dans un quasi anonymat.

 

La Genèse de Moscow 5

Mais avant de sombrer, ce collectif a laissé une trace indélébile sur League of Legends. L'histoire commence en 2011, quand l'ex Team Empire, composée de Darien au Top, Diamondprox en Jungle, Alex Ich au Mid, Genja en AD Carry et GoSuPepper (Edward) en support, change de nom et d'organisation, pour devenir Moscow Five (Moscow 5 ou M5). La légende était alors en marche.

Gambit, le retour de la légende russe

L'équipe a disputé son tout premier tournoi en janvier 2012 : les IEM à Kiev en Ukraine. Diamondprox, à une époque où les monstres de la jungle donnaient plus de fil à retordre qu’aujourd’hui, a développé une nouvelle stratégie : le counter-jungle. En envahissant la partie adverse de la carte, et en rendant complètement fous ses adversaires, le jungler russe et ses équipiers ont écrasé tous leurs adversaires en poules, même les plus coriaces, comme aAa ou Dignitas. Après avoir facilement vaincu SK Gaming 2-0 en demi-finale, ils dominent tranquillement la troisième partie de la finale, et s’imposent 2 à 1 contre Team SoloMid, remportant le tournoi avec une seule partie perdue. En dominant aussi fortement leur tout premier tournoi professionnel, et en apportant de nouvelles stratégies, encore reprises aujourd’hui par les virtuoses coréens, les M5 s’étaient dès le départ inscrits comme de sérieux adversaires, pour quiconque voudrait les défier.

 

L'ogre à 5 têtes

Après avoir goûté à la défaite lors du tournoi parisien Kings of Europe, les Moscow 5 se devaient de remettre les pendules à l’heure aux IEM Hanovre malgré une grosse concurrence (Fnatic, aAa, Dignitas, TSM, CLG ou SK tout demême). Cependant lors de ce tournoi, rien ni personne n’a pu stopper le rouleau compresseur venu de l'Est. À la surprise – pas du tout – générale, M5 a dominé son groupe sans partage, sortant invaincu en 5 rencontres. C’était la seule équipe dans ce cas, et le carnage a continué jusqu’en demi-finale. Mais les Moscovites ont continué sans relâche leur entreprise de domination, puisqu'en grande finale, c'est Dignitas qui récoltait le courroux russe. Première partie de 32 minutes, 32-11 aux kills, et deuxième partie de 30 minutes, 16-2 infligé. Merci d'être venus.

Ce qui faisait la particularité des cinq compères était par dessus tout la justesse de leur jeu, et la fluidité des teamfights, à une époque où LoL était encore assez brouillon. Le counter-jungling et la science du teamfight étaient leurs innovations, et personne n'arrivait à le reproduire comme eux.

C'est suite à cette victoire dominante que le public a véritablement commencé à considérer les Moscow 5, et que ces derniers devinrent de véritables coqueluches, à l'instar de Fnatic, TSM ou SKT à l'heure actuelle. La légende M5 était née, tant avec leurs performances que dans le coeur des fans. L’ogre russe pouvait commencer sa dynastie.

 

Fin de M5 et passage vers Gambit

Toute belle histoire a cependant une fin, et l’apogée de Moscow 5 restera son dernier tournoi, les Worlds 2012, remportés par Taipei Assassins, leurs bourreaux en demi-finale. En effet, après avoir éliminé les chinois d’Invictus Gaming, Darien et ses comparses ont buté 2-1 contre les Taïwanais futurs vainqueurs, malgré la victoire dans la première partie. Un niveau très haut montré, et une défaite avec les honneurs pour « The European Best Hope » – littéralement Le Meilleur Espoir Européen : les M5 sont encore aujourd’hui considérés comme l’équipe européenne qui a été la plus proche de gagner des Worlds incluant des équipes asiatiques – pour clore un chapitre de 2 ans, commencé entre amis et achevé sur le presque toit du monde, devant une grande foule acquise à leur cause.

 

L’équipe inchangée, le passage vers Gambit – le CEO de M5 avait été arrêté après un hack à grande échelle – et la première édition des LCS se fait plutôt bien, puisque l’équipe va parvenir en finale des Playoffs contre Fnatic, s’inclinant finalement 3-2 au terme d’un BO5 monumental. C’est à ce moment que le fameux déclin arriva, pour petit à petit faire disparaître la structure.

 

Renaissance et retour

Gambit, le retour de la légende russe

Dans le but de s’étendre et d’être accessible pour toutes les équipes de toutes les régions, Riot lance en 2016 la LCL en Russie. Avec Albus Nox Luna, qui deviendront célèbres par la suite, et évidemment Gambit Gaming. Si le roster n’est pas flamboyant pour les deux splits de 2016, l’année 2017 va être le théâtre d’un heureux hasard. Car après s’être vu refusé l’entrée des LCS EU pour des problèmes de Visa, c’est « à la maison » que Diamondprox va décider de poursuivre sa carrière.

 

 

Si le Spring Split est compliqué, le mois de juin voit la machine s’accélérer. Déjà, ils enregistrent l’arrivée au poste d’AD Carry de Blasting, champion du Summer Split avec Virtus.Pro. En plus, l’arrivée des très talentueux ex-ANX que sont PvPStejos et Kira, mais surtout le retour – du Roi, notez la référence – d’Edward ont confirmé les attentes placées en eux. Après un Split presque invaincu et une domination de très haut standing, les deux anciens ont prouvé qu’ils n’étaient pas que des vétérans en pré-retraite. Gambit en a toujours sous le capot. C’est une époque différente, une équipe différente qu’en 2011 et 2012, mais au dessus de ce Gambit-là plane les auras des Moscow 5 et des Albus Nox Luna.

Gambit, le retour de la légende russe

Si Diamondprox et Edward ne sont pas les seuls à avoir permis à Gambit de renaître de ses cendres, ils sont cependant toujours là, à un niveau très haut, pour rappeler que M5 n’est pas mort, et que leur héritage est toujours là, destiné à tout donner pour se requalifier pour les prochains championnats du monde.

 

Gambit, le retour de la légende russe
Tout sur les Worlds 2017