LoL : Pourquoi les Rift Rivals sont-ils une perte de temps ?

Les Rift Rivals sont sur le point de commencer. Entre timing déplorable et manque d'enjeu, nous vous expliquons pourquoi ce tournoi ne devrait pas exister sous sa forme actuelle.

Les Rift Rivals, tournois célébrant les rivalités entre les différentes régions majeures de LoL, commencent très bientôt. Côté EU vs NA, le coup d'envoi est prévu le jeudi 27 juin à 21h, et verra s'affronter G2 Esports, Origen et Fnatic face à Team Liquid, Cloud9 et TSM. Compétition sans enjeu, avec un timing très discutable et qui peut sérieusement handicaper le succès des participants, nous vous expliquons pourquoi les Rift Rivals sont, d'après nous, une perte de temps.


Un manque cruel d'enjeu

Contrairement aux autres tournois internationaux du circuit officiel de LoL, les Rift Rivals n'apportent rien. Le Mid-Season Invitational, qui a lieu seulement un mois plus tôt, permet aux meilleures équipes de chaque région de se battre pour le titre temporaire de « champion du monde », mais a également un rôle dans le système de seeding des Worlds. Par exemple, le fait que la Corée ait perdu en finale en 2018 et en demi-finale en 2019 a participé à la perte de l'immunité de sa troisième line-up pour les championnats du monde de 2019, qui aura alors à jouer en play-in. Au contraire, c'est la Chine qui n'aura plus à jouer lors de cette phase qualificative.

Qui dit manque d'enjeu dit manque de motivation. Pourquoi les équipes iraient-elles donner leur maximum, quitte à dévoiler des stratégies qu'elles pourraient garder secrètes afin de s'en servir durant la saison pour atteindre les playoffs, alors qu'elles n'ont rien à remporter ? Évidemment, la fierté de chaque région est en jeu, mais pour ce qui s'agit des Rift Rivals EU vs NA, l'est-elle vraiment ? L'Europe, étant historiquement la meilleure région, n'a rien à gagner mais tout à perdre : si elle remporte le tournoi, c'était attendu, et si elle perd, c'est une honte. De son côté, l'Amérique du Nord ne peut qu'espérer un miracle, aux vues de la facilité avec laquelle G2 Esports a balayé Team Liquid il y a seulement quelques semaines.
 

Pourquoi les Rift Rivals sont-ils une perte de temps ?

Il est difficile d'imaginer une victoire nord-américaine après les résultats récents du MSI. (Crédits : LoL Esports)
 

Les meilleurs matchs, pour les équipes comme pour les spectateurs, sont ceux qui ont de la valeur. C'est lorsque la pression est à son paroxysme, que l'enjeu est au plus haut que s'écrit l'Histoire, et que certains moments entrent dans la légende. Toutes les actions les plus emblématiques de LoL ont eu lieu dans des situations extrêmement importantes : le backdoor d'xPeke contre SK Gaming dans une partie décisive pour les playoffs des IEM Katowice, le 1v1 de Faker sur Zed lors de l'ultime game de la finale des OGN Champions, etc. A l'inverse, il est peu probable que les Rift Rivals restent gravés dans les mémoires dans plusieurs années.

Un timing maladroit

Outre l'absence d'enjeu, le timing des Rift Rivals laisse réellement à désirer. Les différents tournois ont lieu durant le summer split, coupant artificiellement la saison en deux pour toutes les équipes qui n'y participent pas. Cette pause peut sembler anodine, mais dans une ligue qui se déroule sur neuf semaines et où le momentum est primordial, elle peut avoir un impact très important sur les différentes formations. Si pour les NA, la césure ne dure qu'une semaine, elle en dure deux pour l'Europe, qui a une semaine de pause après les Rift Rivals pour que ceux qui y sont allés récupèrent.

Puisque les LCS et le LEC ont déjà un décalage, la ligue nord-américaine commençant sa saison une semaine avant sa contrepartie européenne, ce fossé grandit encore davantage suite aux Rift Rivals. Ainsi, lorsque G2 entamera sa 4ème semaine de compétition, Team Liquid en sera déjà à la sixième. Ce décalage pénalise les deux régions : côté NA, les équipes auront moins de temps pour se préparer aux playoffs qui commenceront une semaine plus tôt par rapport à la fin de leur saison. Quant à l'Europe, les gagnants auront moins de temps pour se reposer et s'entraîner pour les Worlds, les playoffs se terminant une semaine plus tard.
 

Dans une interview au micro du Shotcaller, Mithy semble plus excité à l'idée de se reposer, de manger dans des restaurants de Los Angeles et d'aller à Venice Beach que par la compétition.

En outre, les « qualifications » (si on peut les appeler ainsi) qui ont lieu plusieurs mois avant les Rift Rivals peuvent amener à des scénarios décevants. En effet, ce sont les trois équipes les mieux classées durant la saison régulière du spring split précédent qui s'y rendent. Si pour 2019, les choses sont plutôt bien faites et les 6 formations EU et NA sont encore les meilleures de leur région, ça n'a pas toujours été le cas. En 2017, Phoenix1 était la pire line-up nord-américaine du summer split, mais s'est tout de même retrouvée à représenter les LCS NA. Elle a certes réussi à jouer à un bien meilleur niveau que celui attendu d'elle, mais cela n'enlève rien à la maladresse du format.

Les meilleures équipes prennent du retard

Cette année, plus encore qu'en 2018, ce sont principalement les équipes européennes qui sont les plus affectées négativement par les Rift Rivals. Alors que la ville où se déroule le tournoi est censé alterner d'une année sur l'autre, la première édition de 2017 ayant eu lieu à Berlin, et celle de 2018 à Los Angeles, Riot a annoncé que 2019 aurait une fois de plus lieu aux Etats-Unis. Le LEC doit donc envoyer ses trois meilleures écuries à environ 13h d'avion et 9h de décalage horaire pour un événement qui ne dure que 3 jours. En conséquence, c'est au moins une semaine durant laquelle les participants ne pourront pas s'entraîner de façon optimale, entre le trajet et les effets du décalage horaire. De leur côté, celles qui sont restées chez elles, comme Splyce et Schalke, peuvent continuer de préparer des stratégies afin de les rattraper.

Mais après tout, ce déplacement en vaut la chandelle puisque les équipes qui partent vont pouvoir apprendre de leurs adversaires nord-américains, n'est-ce pas ? Non. Aux vues du niveau montré par les LCS durant ces dernières années, et particulièrement en 2019, il est difficile de trouver le moindre point stratégique sur lequel le LEC aurait réellement des choses à apprendre de son concurrent. Pour Team Liquid, TSM et Cloud9, c'est une aubaine néanmoins. Non seulement elles ont l'opportunité de progresser en jouant contre des adversaires qui sont globalement meilleurs, mais elles n'ont même pas à se déplacer.
 

Bulii : « Qu'est-ce que tu penses pouvoir apprendre des équipes NA ? » 
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Enfin, une saison de League of Legends peut être très longue pour la meilleure équipe d'une région. Outre les deux splits, et les playoffs, le MSI vient couper la pause qu'ont les autres formations, et elle doit ensuite enchaîner avec les Worlds. Souvent, les joueurs n'ont pas le temps de se reposer pendant plus de 8 mois consécutifs. En parallèle, les autres formations qui ne participent pas aux tournois internationaux ont d'énormes trous dans leur année, durant lesquels il est difficile de trouver des adversaires contre qui s'entraîner. Peut-être que ça serait plutôt à elles d'avoir un tournoi à part, et l'occasion de quitter Berlin et Los Angeles pour s'essayer contre de nouveaux adversaires.


Evidemment, les Rift Rivals peuvent toujours être intéressants à regarder pour les spectateurs, et en particulier ceux qui sont attachés à la rivalité EU vs NA. Outre le tournoi principal, qui a un format assez unique avec la finale en relais, la présence d'un showmatch entre des joueurs retraités et d'affrontements en 2v2 peut être amusante. Mais les Rift Rivals restent néanmoins une nouvelle preuve de la difficulté qu'a Riot à proposer une compétition sérieuse sans enjeu, comme les All-Stars pouvaient l'être avant leur transformation en 2018. Si le studio persiste à avoir de tels affrontements, les déplacer au mois de janvier pourrait être une option intéressante pour combler une présaison qui peut parfois s'éterniser.
 

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