LoL : Rencontre avec NiwaaSan, fondatrice de la Ligue Féminine

NiwaaSan, fondatrice de la Ligue Féminine, nous a parlé de son projet et de la place des filles dans l'eSport.

A l'occasion du coup d'envoi de la troisième saison de la Ligue Féminine, nous avons eu la chance d'échanger avec Sonia « NiwaaSan » Allam, la fondatrice du projet.
 

La Ligue féminine, c'est quoi ?

« La Ligue Féminine c'est un tournoi structuré qui regroupe 8 équipes féminines et qui a pour but de mettre en avant les filles dans l'eSport. » Voilà comment NiwaaSan décrit le projet sur lequel elle travaille depuis déjà un an. « Ce n'est pas une fin en soi, elle doit exister en complémentarité avec ce qui est déjà existant, comme l'Open Tour par exemple. C'est surtout un outil supplémentaire pour donner aux filles la visibilité. » Les équipes s'affronteront tous les jeudi, dans un format similaire à celui de la LFL

Lors de la première saison, au début de l'année 2018, la compétition était exclusivement française, mais elle a ouvert ses portes à des équipes européennes dès la deuxième édition. Si l'expansion en dehors du vieux continent n'est pas encore une urgence, la joueuse de 22 ans l'envisage déjà. « J'aimerais que notre initiative prenne un peu partout. Si la France devient le berceau de l'eSport féminin plus tard, je serai fière de ça. » 

Une réussite imprévue

Avant la création de la Ligue Féminine, NiwaaSan était très loin de se douter du phénomène qu'elle allait engendrer. « Au départ je voulais juste créer un tournoi streamé avec des amies. Je faisais partie d'une équipe de streameuses et on voulait simplement faire une LAN ensemble. Ça devait juste être un événement ponctuel avec seulement quelques équipes. On pensait même qu'il serait difficile d'en trouver quatre, mais avec le bouche à oreille, nous en avons finalement eu dix-sept lors de la première saison. » 
 

Ligue Féminine : rencontre avec NiwaaSan

NiwaaSan aux côtés de son équipe @Exalty_FR à la Lyon e-Sports 2019.
 

Après l'engouement inattendu autour de la première saison, la volonté de professionnalisation est rapidement devenue une priorité. « Moi-même je suis la première surprise en voyant autant de filles qui veulent jouer compétitivement. Il a donc fallu créer un environnement pour organiser ça : avec le coaching staff, les structures, il y avait une centaine de filles impliquées dans le projet. » 

Un coup de pouce pour les filles

Si certaines personnes peuvent penser que créer une ligue féminine va à l'encontre de la mixité dans l'eSport, NiwaaSan n'est pas de cet avis. « Il ne faut pas voir l'eSport comme juste des équipes mais comme un milieu en général. Qu'elles soient dans une équipe féminine ou mixte, si les filles arrivent à être davantage représentées, on a déjà fait un énorme pas en avant. Après, si quelques filles se démarquent par leur niveau, elles ont tout intérêt à rejoindre une équipe mixte si ça leur permet de progresser. » 

« Il faut que ces filles aient de la visibilité pour que des équipes mixtes puissent les recruter. » 

Interrogée sur la raison de la sous-représentation des filles dans les ligues professionnelles et semi-professionnelles, elle hésite. « Je ne suis pas sûre de la raison principale. Je pense qu'il y a souvent un problème de confiance en soi, des filles pensent qu'elles n'ont pas le niveau, que l'eSport ce n'est pas pour elles. Le simple fait de leur dire qu'il y aura d'autres filles avec elles dans la même situation suffit souvent à les rassurer. » Elle conclue : « Il y a beaucoup de filles travailleuses qui n'ont pas la reconnaissance qu'elles méritent, ce sont elles que je veux mettre en valeur. » 

Une volonté de professionnalisation


Après avoir essayé différents formats lors des deux saisons de 2018, en s'inspirant souvent de ce qui se fait ailleurs, notamment l'Open Tour France, NiwaaSan a beaucoup appris. Aujourd'hui, elle voudrait vraiment faire de la progression des joueuses au sein de la ligue une priorité. « En 2019, notre objectif est d'avoir une ligue bien structurée, d'avoir des têtes que l'on reconnaît. J'aimerais avoir des joueuses qui sont là sur le long terme et pas juste ponctuellement, parce que je pense qu'il faut du temps pour les former. » 

« À la base, je ne suis pas organisatrice, je suis juste une joueuse sans expérience dans ce domaine. C'est grâce à toutes les personnes qui ont cru en ce que je pouvais faire que j'y suis arrivée. » 

« Cette saison, il y a une césure avec ce que l'on a pu faire en 2018. Je trouve ça plus intéressant aujourd'hui de prendre en charge les huit équipes qui se sont démarquées par leur niveau que de continuer à organiser des tournois plus « amateurs ».  Au fur et à mesure que l'on développe la ligue, le niveau de jeu va augmenter, et j'espère que ça inspirera d'autres filles à tenter leur chance. » Si elle souhaite que les joueuses prennent la ligue plus au sérieux, elle compte également redoubler d'efforts pour les y aider. « J'aimerais aussi m'investir plus au niveau de la communication. Il faut que ces filles aient de la visibilité pour que d'autres équipes mixtes puissent les recruter. » 

Un projet collectif

En 2019, la Ligue Féminine a reçu le soutien d'Intel France qui a mis en place un financement participatif pour aider à son développement. « C'est un bon moyen de voir si les gens se sentent impliqués par notre projet. Ça permet aussi de récompenser à notre échelle les personnes qui nous aident à l'organiser. Il faut peu d'argent pour développer cette scène qui commence tout juste, mais au moins je sais qu'il sera bien investi. Ça nous permet de financer du travail de montage vidéo, de graphisme, et ainsi d'apporter plus de visibilité et de permettre de construire la Ligue Féminine. » 

NiwaaSan est très lucide sur la réussite de la Ligue Féminine, et réalise que son projet n'aurait sans doute pas vu le jour sans l'aide précieuse d'acteurs du milieu. « Je remercie les ambassadeurs qui nous ont soutenu lors des deux premières saisons : Narkuss, Gob, Aeterna, Bulii et Chelxie. »  Émue par la bienveillance de tous ceux qui l'ont aidé dans son projet, elle conclut : « À la base je ne suis pas organisatrice, je suis juste une joueuse sans expérience dans ce domaine.  C'est grâce à toutes les personnes qui ont cru en ce que je pouvais faire que j'y suis arrivée. Je suis très heureuse qu'ils m'aient fait confiance. » 


Nous remercions Sonia « NiwaaSan » Allam d'avoir pris le temps de répondre à nos questions. La troisième saison de La Ligue Féminine commencera début mai, et il sera très intéressant de voir l'évolution de ce projet qui est né d'une simple volonté de donner de la visibilité aux filles dans l'eSport.
 

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