Worlds 2019 : Interview Duke, les Worlds, son match contre SKT, son année avec Splyce…
Tu participais aux Worlds pour la première fois. Que retiens-tu de cette expérience ?
C’est vraiment très dur. On se bat toute l’année pour se qualifier aux Worlds. Mais une fois arrivé aux Worlds, on se rend compte que c’est vraiment le moment le plus
difficile de l’année. On s’entraîne contre des équipes qui sont parfois bien meilleures que la notre. Ce n’est vraiment pas évident d’enchaîner parfois les défaites en entraînement. On se rend
vraiment compte de l’écart qu’il peut y avoir avec les top teams mondiales.
La pression est aussi énorme. En Play-In, c’est la peur de l’échec qui s’installe. Puis une fois qualifié, il y a tellement d’enjeu que la pression reste.
Mais c’est une expérience très formatrice, car les joueurs et moi étions soumis à une compétition extrême donc on apprend beaucoup. Le bilan est très positif et très formateur car
on a fait un très beau parcours.
En tant que head coach, que dit-on à ses joueurs avant d’affronter SKT et Faker ?
J’avais écris un speech ! La première chose que j’ai dit, c’était que je voulais qu’ils prennent le temps d’être fiers de ce qu’ils ont fait et fiers
d’eux-mêmes. Malgré ce que certains peuvent penser ou dire, je savais que mes joueurs méritaient d’être là. Donc je voulais qu’ils le sachent. Ils méritent de jouer dans ces championnats du
monde et de jouer contre SKT.
J’ai également souligné que je croyais en nos chances de gagner, même si on n’était pas favoris. J’avais beaucoup étudié SKT pendant la semaine. Ils s’avèrent qu’ils ont beaucoup
changé leur style de jeu. Mais ils avaient montré des choses qui n’étaient vraiment pas bonnes en phase de groupes. Je suis convaincu qu’il y avait un univers où on les battait.
Il fallait qu’on joue à 5. C’était primordial qu’ils se fassent confiance et fassent confiance à leur coéquipiers. De plus, il ne fallait pas hésiter à prendre des décisions, des responsabilités
et c’est l’un des points les plus durs. Il fallait qu’ils jouent sans regret, qu’il se fassent plaisir ! La pression n’était pas sur nous mais plus sur SKT. Donc chaque coup qu’on met à
SKT sont des coups qui comptent double, car pour eux la pression va compter. On devait jouer jusqu’à la fin à fond !
L’ambiance était très sérieuse (contrairement par exemple au BO contre Fnatic, où on n’était pas prêts et on avait déjà eu la qualification aux Worlds).
C’est une vraie pression de jouer face à un public de plusieurs milliers de personnes contre les meilleurs joueurs du monde. Même sans prendre en compte le
résultat, on devait jouer à fond pour ne pas se ridiculiser. C’est une opportunité tellement rare dans une carrière que si on avait une chance, il fallait la jouer à fond !
L’entraînement pour le gauntlet et les playoffs était compliqué car vous n’aviez pas internet. Comment s’est passé la préparation aux Worlds ?
Pour les Worlds, Riot nous a mis à disposition un hôtel, comme toutes les autres équipes, pour qu’on puisse s’entraîner. La seule chose compliquée, c’est qu’on a été une des
dernières équipes qualifiées aux Worlds et au Main Event. On avait parfois du mal à trouver des partenaires de scrims, surtout pour le Group Stage, car toutes les
équipes avaient déjà booké leur planning.
Cette année, Splyce n’avait pas une véritable configuration de bureaux, c’est pour ça que parfois internet ne marchait pas bien. Surtout qu’à Berlin c’est parfois
compliqué, internet est très très mauvais… C’était un peu les vestiges d’anciennes organisations d’une équipe de EU LCS. Avec Splyce, on n’avait pas eu l’occasion de changer car on
a aussi été l’une des dernières équipes à être pris en franchise pour le LEC. On avait donc une sorte de « gaming house ». Les joueurs ne vivaient pas là,
mais ce n’était pas un vrai bureau, c’était plus un appartement aménagé.
Comme la connexion de Berlin est mauvaise, il faut avoir une configuration spécifique négociée en amont. Tout ça va changer l’année prochaine pour Splyce !
Est-ce que les Worlds ont permis à Splyce d’être enfin mis en avant sur le devant de la scène ?
Contrairement au Spring, au Summer on était déjà plus mis en avant par Riot. Ce n’est pas pour autant qu’on jouissait d’une popularité démentielle, notamment chez
le public anglo-saxon.
Ce qui a changé aux Worlds, c’est l’appréciation du public. Le public français a toujours été derrière nous bien sûr. Mais le public anglais était plutôt méprisant envers notre
équipe durant l’année, du fait de l’historique de notre équipe et l’attitudes de certains analystes.
Comme on a réussi à déjouer les pronostiques un par un, même nos haters ont été forcé d’admettre qu’on méritait d’être là !
Toute cette effervescence s’est concrétisée lors du match contre SKT, où tout le public était derrière nous. C’était dingue !
Cet engouement vous a mis la pression ou vous a transcendé ?
C’est au cas par cas. Moi je me revois arriver sur scène un peu stressé, mais en voyant tous les gens derrière nous, on pense moins à l’enjeu et on est juste content d’être là. Mes joueurs étaient
très contents aussi. D’un coup on ne parlait plus que de Fnatic et G2. D’un coup Splyce existait aussi. Mes joueurs existaient aussi.
Je revois mes joueurs saluer la foule après le match SKT, c’était vraiment leur moment et tout le monde les a remercié.
Quels sont tes pronos pour la suite de la compétition ?
Je vois bien FunPlus Phoenix gagner contre Invictus Gaming. FPX sont vraiment trop forts. Pendant les groupes, même s’ils ont perdu contre
J Team et Splyce, je les ai trouvé très bons. Il faut aussi se méfier de IG car ils montent en puissance pendant la compétition. Ils étaient
vraiment mauvais en arrivant aux Worlds. Depuis, j’ai l’impression que ça redevient l’équipe de l’année dernière. Je mets quand même FPX devant, je trouve qu’ils ont une meilleure macro. Sauf
si TheShy démolit individuellement GimGoon bien sûr…
Ca me faisait marrer car il y avait un peu une histoire de « group of death » et « group of life ». Notre groupe était super
sous-côté car les gens ne connaissaient pas les équipes. Le « group of death » était sur-côté, dans le sens où RNG n’arrivait pas à jouer pendant les
Worlds. SKT n’a pas été bon pendant les groupes et Fnatic non plus.
De l’autre côté, je mets G2 devant. SKT sont prenables. L’un des défauts qu’on avait nous, c’était la draft. On avait pas assez d’outils dans la
draft pour les mettre en défaut, ce que les G2 ont.
Je vois donc bien une finale G2 contre FPX. Et là je vois bien G2 gagner quand même !
Avec les 10 ans de League, beaucoup de nouveaux jeux ont été annoncés. Lesquels t’emballent le plus ?
En fait, je n’ai plus de temps pour jouer aux jeux vidéo. Je n’ai vraiment plus le temps de me plonger dans des métas. Comme je fais ça pour mon travail, je n’ai pas vraiment envie de faire
ça pour un autre jeu dans mon temps libre. Le jeu de shoot (Project A) a l’air sympa mais je ne sais pas si j’y jouerai. On dirait un peu un mélange entre Counter
Strike et Team Fortress, ce qui peut être intéressant.
J’essaierai sûrement le jeu de cartes un moment.
Ce qui m’intéresse le plus dans tout ça, c’est comment ils vont réussi à faire quelque chose du lore de League of Legends. Car le lore n’a aucun sens dans League of Legends. On
dirait un mélange de patchwork avec différents univers qui ont chacun des spin offs selon les séries de skins. En plus ça change en fonction des reworks de certains champions. Pourtant je
suis un gros client des univers de fantasy. Voir science-fiction, car on ne sait pas vraiment ce que c’est l’univers de League of Legends finalement…
Je suis vraiment curieux car ils ont embauché des auteurs comme Graham McNeill, un grand écrivain de Games Workshop pour Warhammer, qui travaille
depuis quelques années chez Riot Games pour bosser là-dessus. S’ils font un RPG, c’est vraiment l’histoire articulée autour de ça qui va m’intéresser.
De grosses nouveautés ont aussi été dévoilées sur League of Legends…
Oui ce qui m’a intéressé c’est toute la refonte avec les dragons ou la carte. J’ai regardé vaguement des vidéos. Mais je fais exprès de ne pas regarder les patchs suivants quand
je bosse sur une compétition. Je ne veux pas avoir d’informations qui se mélangent. Je ne suis pas forcément réfractaire aux changements dans League of Legends.
Avec cette retrospective offerte par Riot Games, est-ce que tu te souviens comment tu as commencé à jouer à League ?
J’ai commencé en école d’ingé. J’avais déjà essayé 2 ans avant, j’avais trouvé ça nul. En école d’ingé j’ai pas mal accroché. A l’époque je jouais à Starcraft.
J’ai passé mon école d’ingé à jouer à Lol avec deux potes, ça a été un loisir pendant longtemps. Puis par hasard je me suis retrouvé à écrire des articles car je bossais en République Dominicaine
sans connexion pour jouer. J’ai écris quelques articles pour Millenium à l’époque. Et de fil en aiguille, j’ai commencé à être commentateur puis j’étais coach au
PSG.
League of Legends, c’est arrivé par hasard. Au début, c’était un peu par ennui, puis c’est devenu une passion !
Quels sont tes plans pour la suite ?
On va bientôt rentrer dans le mercato pour l’année prochaine. Je ne sais pas vraiment encore ce que je fais. Mais ce qui est sûr c’est que je vais rester dans le coaching au moins 1 ou 2 ans. Mon
contrat est fini avec Splyce, donc je dois décider si je reste ou si je vais ailleurs. Pour l’instant rien n’est décidé.
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