LoL : Team SoloMid retour sur un nouvel échec aux Worlds 2017

Pour la troisième année consécutive, TSM ne sera pas présente en quarts de finale. Retour sur l’histoire de l’organisation aux Worlds et les raisons de cette déception.

Team SoloMid et échecs à l’international sont au fil du temps presque devenu synonymes. L’équipe nord-américaine, qui n’a pourtant jamais été absente d’un Championnat du Monde, a su montrer année après année une capacité époustouflante à décevoir ses fans lors du tournoi le plus important de la saison.

Un parcours difficile année après année

Déjà en Saison 2, alors qu’elle est automatiquement qualifiée en quarts de finale et que les attentes sont importantes, elle s’incline rapidement face à Azubu Frost. Après seulement deux parties jouées à Los Angeles l’équipe est éliminée du tournoi. L’année suivante, TSM est victime d’un format en deux groupes qui ne sont pas du tout équilibrés, devant s’imposer face aux monstres SK telecom T1 et Oh My God pour pouvoir accéder aux quarts de finale. Le miracle ne se produit pas, et les nord-américains sont une fois de plus battus à domicile.

En 2014, tous les facteurs semblent propices à un succès pour TSM. L’équipe est dans un groupe extrêmement favorable, avec uniquement Star Horn Royal Club (actuelle RNG) comme réel compétiteur, car les joueurs de Taipei Assassins sont assez faibles, et SK Gaming n’est que la troisième équipe européenne du tournoi. De plus, cette dernière voit son jungler, Svenskeren, banni pour les trois premières parties à cause de son pseudonyme sur le serveur taïwanais « TaipeiChingChong » jugé raciste par Riot Games. L’équipe est alors forcée à jouer avec un remplaçant durant la première semaine. TSM parvient à remporter une partie contre les futurs finalistes SHRC, se qualifiant ainsi en quarts de finale avec un score de 4-2. Les joueurs réussissent ensuite l’exploit d’arracher une victoire à l’équipe qui gagnera quelques semaines plus tard le tournoi, Samsung White, avant de se faire sévèrement corriger. Depuis ce tournoi, l’équipe n’a enchaîné que des échecs.

En Saison 5, malgré une victoire aux IEM Katowice, la pression n’est pas extrêmement lourde sur les épaules des joueurs. Après une saison régulière relativement faible, il est évident que Dyrus et Santorin ne fonctionnent pas ensemble et risquent d’être punis, particulièrement dans une méta extrêmement centrée autour de la toplane. De plus, le groupe tiré par TSM semble être le plus compétitif du tournoi, avec les coréens de KT Rolster, LGD-Gaming qui devait être une des équipes les plus fortes du tournoi, et Origen qui avait réussi à passer des Challenger Series aux Championnats du Monde en seulement une année. Malgré une performance très en dessous des attentes de la part de LGD, l’équipe nord-américaine finit dernière du « Groupe de la mort », ne parvenant qu’à remporter une seule partie contre les représentants des LPL.

TSM rajoute un échec à sa collectionDyrus en larmes après sa dernière partie avec TSM (Crédits LoL Esports)

 

Après cette saison décevante, l’escouade est totalement recomposée autour de son meilleur joueur, Bjergsen. L’organisation signe notamment la superstar Doublelift, le talent prometteur Hauntzer et un des meilleurs junglers européens, Svenskeren. Le vétéran Yellowstar rejoint également les rangs de TSM, mais repart en Europe après seulement quelques mois. Durant le summer split, cette équipe semble absolument inarrêtable, ne concédant qu’une seule défaite en BO3. Aux Championnats du Monde, malgré la présence de Samsung Galaxy dans son groupe, beaucoup considèrent TSM comme les favoris, loin devant RNG qui a montré des résultats inégaux et des joueurs de Splyce encore inexpérimentés. Dès la première semaine, l’équipe parvient à absolument dominer les coréens de SSG, et semble en bonne voie vers les quarts de finale. Mais c’est lors de la deuxième semaine que les ennuis commencent, et TSM ne parvient qu’à remporter une seule partie contre l’équipe européenne, terminant le groupe sur un score de 3-3, identique à celui de RNG. A cause de leurs deux défaites contre l’équipe chinoise, il n’y a pas de tiebreaker et TSM rate une fois de plus la qualification. C’est une déception immense pour l’organisation, qui ne peut définitivement pas mettre cet échec sur le compte de la malchance.

Un échec de plus en Saison 7


 
Arrive 2017. TSM est de retour avec les mêmes joueurs qu’en saison 6, et encore une fois, les attentes sont énormes. Après avoir pris une pause de quelques mois Doublelift avait fait son retour au summer split, permettant à son équipe de remporter une fois de plus les LCS NA, acquérant ainsi le 1er seed. En outre, le tirage du groupe D est presque idéal. Avec aucune équipe chinoise ou coréenne dans le groupe, Flash Wolves qui semble en déclin et une équipe Misfits Gaming qui fait ses premiers pas à l’international, les étoiles semblent parfaitement alignées pour que TSM sorte vainqueur de la phase de poule. Même si l’arrivée de Team WE élève le niveau de difficulté du groupe, l’équipe nord-américaine peut déjà apercevoir les quarts de finale.
 


Mais alors que s’est-il passé ?

Le début de partie a été la grande catastrophe de TSM. L’écurie nord-américaine a été la pire équipe du tournoi sur les 15 premières minutes de jeu. Alors que Svenskeren était autrefois connu pour son playmaking et ses ganks tôt dans la partie, cette tendance a été complètement absente du tournoi. Mise à part quelques visites sur la toplane, le jungler de TSM ressemblait à Santorin en 2015 : beaucoup de farm et de la vision posée durant le début de partie, mais une pression sur les lanes presque inexistante. Contre les junglers agressifs que sont Karsa, Condi et Maxlore, cette passivité a été sévèrement punie, TSM ayant la pire différence d’or à 15 minutes du tournoi (-1889) et n’ayant obtenu aucun premier sang sur ses 7 parties jouées.

Néanmoins, cette passivité ne peut pas leur être reprochée qu’en début de jeu. Une fois entrée dans le milieu de partie, là où l’équipe devait commencer à briller, le style de jeu montré par TSM n’a été que réactif. Pourtant, à certaines occasions, ils ont parfaitement su répondre à l’initiation adverse et ont réussi à remporter les teamfights, comme lors de leur première rencontre contre Flash Wolves. Mais trop souvent, l’écurie Nord-américaine s’est montrée incapable de dicter le tempo de la partie, et s‘est vue forcée à constamment réagir, se mettant ainsi dans des positions défavorables. Cette absence de proactivité, qui n’était pourtant pas dûe à un manque d’outils pour initier, avec Svenskeren sur Sejuani ou Gragas dans la majorité des parties, peut être notamment mise sur le compte d’une mauvaise gestion de la vision. TSM est la dernière équipe du tournoi en termes de wards et de control wards posées, et ce manque de vision sur la carte explique en partie la difficulté de l’équipe à trouver les bonnes initiations pour avoir le contrôle sur les teamfights.

Beaucoup de critiques ont été faites sur les phases de picks & bans des champions nord-américains. Pourtant, le problème n’a pas été simplement de mauvaises compositions, mais plutôt des compositions que les joueurs de TSM ont été incapables d’exécuter convenablement. Lors du tie-breaker contre Misfits, l’équipe a décidé de sélectionner Jayce comme counter-pick contre le Cho’gath d’Alphari, permettant ainsi au meilleur joueur de l’équipe durant le tournoi, Hauntzer, de carry la partie. Pourtant, après quelques tentatives de jouer autour de cette lane gagnante par Svenskeren et Bjergsen, Hauntzer s’est retrouvé abandonné aux griffes de Maxlore. Le jungler de Misfits a ainsi réussi à rétablir l’équilibre sur la lane, tuant à deux reprises le Jayce, et permettant à Alphari de reprendre l’ascendant et d’être infiniment plus utile que son adversaire en teamfights. En outre, lors du deuxième affrontement contre Team WE, le fait de choisir trois lanes perdantes a été sévèrement puni par l’escouade chinoise, qui a su accumuler un avantage énorme en début de partie, détruisant ainsi le nexus de TSM avant même la 25ème minute.

TSM rajoute un échec à sa collectionHauntzer n’a pas réussi à porter son équipe (Crédits LoL Esports)

 

Mais après tout, tous ces défauts étaient déjà connus de tous ceux qui ont suivi l’équipe nord-américaine sur ses deux dernières années. Mais là où elle devait réellement faire ses preuves et montrer sa vraie valeur, c’était durant les fins de partie. Menés par Bjergsen et Doublelift, les teamfights auraient dû être le catalyseur des victoires de TSM. Pourtant, des erreurs cruciales ont été commises, notamment par l’AD carry prodige. Sa tendance à mourir sans avoir utilisé son flash lui a souvent été reprochée, parfois à tort, mais souvent à raison. Plusieurs de ses morts ont été critiques dans la défaite de son équipe, notamment lors de la première rencontre contre Misfits, ou encore lors du tiebreaker contre l’équipe européenne. Pire encore, lors de la deuxième partie contre WE, Doublelift flash directement dans les skillshots ennemis, bien que cette mort ne soit pas décisive dans la défaite de TSM. Mais aucun des autres joueurs n’est irréprochable pour autant, Svenskeren s’est notamment fait attraper à de multiples reprises. Son mauvais positionnement devait sans doute partiellement venir de problèmes de communication et d’hésitation dans les prises de décision de l’équipe, mais certaines morts auraient pu être évitées. Dans l’ensemble, tous les joueurs de l’escouade nord-américaine ont fait des erreurs individuelles qui ont chacune eu un rôle dans son échec.
 
 
Cette année, Team SoloMid était très proche du but. Comme lors de la saison précédente, l’équipe semblait prometteuse lors de la première semaine, mais s’est écroulée lors de la deuxième. Si elle n’avait pas concédé la dernière partie contre Flash Wolves, elle n’aurait pas eu à jouer de tiebreaker et se serait directement qualifié en quarts de finale. Mais malheureusement, ce sont dans ces situations où la pression est au plus haut que le mental craque, et les joueurs semblent en avoir une fois de plus fait les frais. Malgré la déception, il ne tient qu’à eux de revenir plus forts encore et de retenter leur chance l’année prochaine. Qu’ils se rassurent tout de même, car malgré leur élimination, les chants des supporters de TSM continueront de faire vibrer les murs des Championnats du Monde jusqu’en finale.
 

TSM rajoute un échec à sa collection
Tout sur les Worlds 2017