LoL : Vers une généralisation du rôle des mascottes en eSports ?

Lors du week-end parisien nous avons eu l'opportunité d'interviewer Romain Bigeard, manager d'Unicorns of Love et chauffeur de salle de luxe durant les finales à Bercy.

Seulement quelques jours après l’extraordinaire week-end parisien, il est indéniable que les finales des LCS à Paris devraient constituer une référence pour l’organisation des prochaines grandes compétitions en occident (ou du moins en Europe). Le nombre de spectateurs est très certainement un record sur le vieux continent, et qu’ils soient joueurs, casteurs ou fans, tous ceux qui étaient sur place s’accordent à dire que l’ambiance parisienne est unique dans le paysage Esports.

Outre une organisation parfaitement huilée, cette étape en France disposait également d’un élément supplémentaire, qui peut expliquer en partie la faveur du public : la présence de Romain Bigeard en tant que mascotte de l’évènement et chauffeur de salle de luxe.

Le rôle des mascottes dans l'eSportsRomain chauffant Bercy quelques minutes avant l'entrée des joueurs

 

Le manager d’Unicorns of Love a joué un rôle hybride entre mascotte et animateur lors du week-end, arborant les couleurs tricolores et interagissant avec la foule avant, pendant et après les matchs. Bien que le public français était déjà considéré comme l’un des meilleurs (si ce n’est déjà Le meilleur) public Esports, cet élément supplémentaire a permis de maintenir le niveau d’excitation des spectateurs lors des temps morts du tournoi.

« Selon moi, il n’y a que des avantages à avoir quelqu’un qui va représenter ton équipe sur scène, alors que tes joueurs sont plutôt immobiles. Il peut interagir avec la foule, créer la hype autour de tes joueurs » a répondu Romain Bigeard lors de notre interview.

Par le passé, Riot a laissé une certaine liberté d’actions à ses casteurs afin de créer l’engouement, comme ce fut le cas sur l’analyst desk des compétitions internationales (et principalement des Championnats du monde) via les blagues de Phreak ou encore les incartades de MonteCristo. Pour autant, cette nouvelle méthode apporte des options plus larges et permet notamment de faire réagir la foule en cours de partie. Cette distinction est particulièrement intéressante car l’Esports diffère des autres compétitions sportives par le manque de mobilité et de visibilité des compétiteurs. Ces derniers sont généralement situés au centre de la scène mais cachés derrières leurs écrans, leurs réactions ne peuvent être directement transmises au public, c’est pourquoi un intermédiaire peut avoir son intérêt.

Il est important de noter que Romain Bigeard a fait évoluer son personnage dans le temps. Tout d’abord manager visible d’Unicorns of Love, il a au fur et à mesure étoffé son étiquette à celle de mascotte de la formation européenne. Mais c’est vraiment à Hambourg que cette fonction a pris une nouvelle dimension : « à Hambourg je n’ai absolument pas réfléchi à ce que je faisais, je n’ai rien préparé. J’ai proposé aux membres de l’organisation d’interagir avec le public et ils ont accepté » précise-t-il.

Suite à cette première expérience, BMW partenaire officiel des finales LCS EU à Paris, a proposé un rôle d’ambassadeur de la marque au manager d’Unicorns of Love, lui permettant de participer aux festivités alors que son équipe avait été éliminée au premier tour des Playoffs d’été. Bien qu’il soit persuadé que son rôle à Paris ait un avenir en LCS dans le futur, il demeure prudent quant à la direction que va prendre Riot car il possède, via son activité de manager un avantage sur les autres : « ce qui me permet de faire ça, c’est que j’ai 75% de mes pieds dans Unicorns of Love et 25% sur scène. Je connais mes joueurs, leurs limites et les foules avec lesquelles je travaille. C’est donc un métier difficile à construire de toute pièce ».

Le rôle des mascottes dans l'eSportsLe manager d'UoL aux couleurs de l'évènement durant la finale de dimanche

 

Néanmoins, il considère également que Riot utilise un évènement comme Paris afin de tester l’intérêt et les limites d’une mascotte pour les équipes. « Je pense que je suis une sorte de test à moi tout seul, tant pour Riot que pour les autres équipes » commente-t-il lorsque l’on aborde le sujet d’une généralisation de son activité à long terme.

Alors que Riot doit très certainement chercher à évaluer les avantages et inconvénients de l’ajout d’une mascotte, le manager d’Unicorns of Love espère surtout que les autres organisations vont essayer de tirer profit de son expérience afin d’améliorer l’engouement autour des compétitions européennes « J’ose espérer que les autres équipes vont réussir à implanter quelque chose de similaire, en prenant le meilleur de ce que je fais » commente-t-il.

S’il est certain que le public parisien a apprécié la performance de Romain Bigeard durant le week-end, il est peu probable qu’une position de mascotte devienne rapidement la norme au sein de la majorité des organisations occidentales. Pour autant, la spécificité de l’Esports et le rythme des parties de League of Legends forment une situation idéale pour développer des solutions novatrices (du moins dans le milieu du jeu vidéo) afin d’interagir avec le public lors des grands évènements. Alors que l’année dernière lors des Championnats du monde, Riot avait repris le concept d’afficher des éléments de jeu sur la scène (comme le Baron Nashor), il paraît désormais certain que le développeur va chercher à combiner ces différentes solutions afin d’apporter à ses fans une expérience singulière.

La Rédaction de Breakflip remercie Romain Bigeard d'avoir accepté de participer à l'interview lors des finales LCS à l'AccorHotels Arena, sans quoi cet article n'aurait pu voir le jour. Crédits photos Flickr lolesports.