Les WESG, entre forfaits et problèmes d'organisation

Alors que leur deuxième édition débute ce mardi, les WESG peinent à s'imposer comme un rendez-vous majeur. La faute à une vision archaïque de l'esport et une organisation bien en deçà des standards de l'industrie.

Se faire une place sur la scène esport n’est pas aussi facile que certains veulent bien le croire. Il n’y a qu’à voir le nombre de structures champignons qui sortent de terre tous les ans pour exploser quelques mois plus tard. Alors quand Alibaba annonçait en 2016 investir plus de 150 millions de dollars pour légitimer l’esport, en Chine et dans le reste du monde, et créer un nouveau grand rendez-vous esportif avec les WESG, le scepticisme était de mise. Deux ans après cette annonce, et alors que l’édition 2017 des WESG débute demain, les polémiques s’accumulent tandis que le public est loin d’être au rendez-vous.

Un format archaïque

Pour se faire une place dans une scène déjà bien remplie, les WESG ont ciblé 4 jeux phares et parmi les plus populaires du moment : Dota 2, CS:GO, Hearthstone et StarCraft II. De quoi toucher à peu près tous les publics, du fan hardcore au plus néophyte. Mais il ne suffit pas de prendre des jeux populaires pour qu’un tournoi soit un succès, il faut aussi que les meilleurs joueurs répondent présents. Et c’est là où le bât blesse.

Comme bloqués il y a 10 ans sur les restes des feux WCG, les WESG se veulent compétition nationale et imposent donc que les joueurs d’une même équipe partagent la même nationalité. Résultat, impossible donc pour beaucoup de grosses équipes de CS:GO ou Dota 2 de participer. À titre d’exemple, dans le top 8 du dernier Major sur ces deux jeux, on retrouvait respectivement 4 et 1 formations respectant cette règle.

envyus wesg 2016
Les Français d'EnVyUs remportant les WESG 2016.
Un tournoi déserté par les meilleures équipes.

«Mais les meilleurs joueurs de chaque pays n’ont qu’à se regrouper entre eux pour participer !»

Bien plus facile à dire qu’à faire. Prenons l’exemple de CS:GO. Dans des saisons toujours plus remplies, il faut donc trouver 5 joueurs d’un même pays, de préférence non fâchés entre eux, et des jours libres pour s’entraîner. Ensuite qu’ils participent à un tournoi de qualification national, généralement courant octobre, puis à des finales régionales jouées offline – quand elles ne sont pas transférées en ligne devant l’impossibilité de regrouper toutes les équipes comme pour les finales américaines – avant de pouvoir participer 5 mois plus tard aux WESG.

Puis qu’aucun des joueurs n’annule sa participation et n’ait de problèmes de visas pour aller en Chine. Ou ne se rende compte qu’il fait tout cela pour finalement perdre contre des équipes comme SK Gaming ou Cloud9 que le règlement autorise à concourir. Un beau parcours du combattant qui cette année encore aura eu raison des nations majeures les plus motivées, l’Ukraine devant par exemple déclarer forfait quelques heures avant le début de la compétition.

Résultat des courses, cette année encore les têtes d’affiches se font rare. Difficile donc pour le public de répondre présent. Des compétitions nationales oui, mais pas n’importe comment.

Une organisation défaillante

L’autre problème majeur des WESG, c’est leur organisation. En deux ans d’existence, ils ont déjà cumulé presque toutes les erreurs récurrentes qu’on trouve sur la liste du parfait mauvais organisateur. On pourrait par exemple parler du stream international de l’année dernière, avec très peu de talents connus pour l’animer et dépendants d’une régie chinoise. Ou du programme de ce même stream où certaines équipes passaient à la trappe et arrivaient en top 4 sans jamais avoir été diffusées. Et l’on n’abordera même pas l’existence d’un tournoi féminin sur Hearthstone, dans l’optique de ne pas devenir grossier.

Cette année encore, les organisateurs se sont surpassés. Confrontés à l’annulation de dernière minute d’un de leurs hôtels, ils ont donc relogé dans l’urgence tous les joueurs dans une autre location. Problème, cet hôtel s’est très vite montré insalubre, comme en attestent les tweets ci-dessous de joueurs présents sur place.

Si les joueurs des grosses équipes, financièrement capables de s’offrir une autre réservation, ont rapidement déserté les lieux, les autres ont dû attendre 48 heures que les WESG trouvent une nouvelle destination. Un couac de plus pour une organisation déjà pointée du doigt l’an passé. Quand on est un géant de l’industrie chinoise, ça fait tâche.