Test Death Stranding 2: On The Beach, Hideo Kojima au sommet de son art ?

Nous avons terminé Death Stranding 2: On the Beach après de longues heures de jeu, voici notre test complet.

Après 80 heures intenses à traverser les paysages saisissants de Death Stranding 2: On the Beach, et avec presque 100% du contenu secondaire exploré, j'ai enfin bouclé ce nouveau chef-d'œuvre. Six ans après le premier opus, Hideo Kojima revient avec une suite qui ne se contente pas de répondre aux attentes, elle les pulvérise, offrant une expérience plus dense, plus rythmée et incroyablement audacieuse. Est-ce LE jeu qui marquera cette génération de consoles ? Sans l'ombre d'un doute.

Tony Hawkʼs Pro Skater 3 + 4 Digital Deluxe Edition + Accès anticipé
22%
de reduction
En profiter
Instant Gaming x Breakflip

Une liberté créative débridée : kojima lâche les rênes

Le premier Death Stranding incarnait la vision sans entraves de Kojima après sa rupture avec Konami. Un univers de science-fiction excentrique, une technologie de pointe, et un excès cinématographique assumé. Qu'on l'ait adoré ou détesté, son design artistique, sa bande-son envoûtante et sa connectivité asynchrone étaient indéniablement novateurs.

Avec Death Stranding 2: On the Beach, Kojima revient dans un monde post-pandémique, non pas pour apaiser ses détracteurs, mais pour s'affirmer. Le gameplay est plus jubilatoire que jamais, sans jamais trahir l'essence du premier opus, et son récit, bien que toujours aussi complexe, est brillamment ficelé.

Dès les premières minutes, le jeu frappe fort visuellement. L'introduction, où cinématiques et phases de jeu s'entremêlent avec une fluidité déconcertante, les textures de peau ultra-réalistes de Sam, et ce plan majestueux où la caméra s'éloigne sur un paysage aride au coucher du soleil, sublimé par les cordes expressives de Woodkid… c'est tout simplement bluffant. Le plus impressionnant ? Le jeu tourne en 30 FPS en 4K en mode qualité, ou même en 60 FPS en mode performance, sur une PS5 Pro. Le Decima Engine est une prouesse technique que Kojima Productions maîtrise à la perfection, offrant un régal visuel du début à la fin. 

death-stranding-2-on-the-beach-test-bf

Narration : une plongée profonde au cœur du mystère humain

Death Stranding 2 s'adresse aux initiés du premier jeu. Un bref récapitulatif est disponible au lancement, mais il reste trop concis pour les novices. L'avantage, c'est que Kojima peut désormais se concentrer pleinement sur le récit. Le rythme s'intensifie, et les révélations clés sont mieux distillées. On sent une réelle volonté de boucler cette histoire et de répondre aux questions laissées en suspens.

Une nouveauté très appréciable est le Corpus, un glossaire accessible à tout moment via le menu. Il permet de consulter les termes spécifiques au jeu, les informations sur les personnages et les lieux. C'est une ressource précieuse pour éclaircir un point, saisir un concept, ou même résoudre une énigme in-game.

L'histoire reprend 11 mois après le premier jeu : Sam (Norman Reedus) et Lou, son BB, vivent reclus, son ancien métier ayant été remplacé par l'APAS (Automated Porter Assistant System). Mais cette tranquillité est brisée par le retour de Fragile (Léa Seydoux), désormais à la tête de la nouvelle entreprise Drawbridge, qui envoie Sam connecter le Mexique au réseau chiral, puis l'Australie.

Malgré une intrigue plus lisible, le jeu conserve son lot de bizarreries et son goût pour l'exagération. C'est un Kojima, après tout : des créatures de l'au-delà, un chat en goudron qui vole, une femme qui contrôle la pluie, une marionnette qui parle... et des séquences visuellement époustouflantes, comme un feu d'artifice cauchemardesque. Les métaphores et le symbolisme sont omniprésents, mais avec les fondations narratives du premier jeu en place, Kojima peut désormais marier ces images surréalistes à des personnages plus touchants et à un drame humain plus saisissant.

La relation entre Sam et Lou est au cœur du récit. Mais des thèmes plus vastes sont explorés : "Aurions-nous dû nous connecter ?" La réponse est loin d'être simple, et le réseau chiral apparaît comme un outil de contrôle autant que de communication. Inspiré par sa propre vie et la pandémie, Kojima aborde la solitude, le deuil, et le désir de rencontres fortuites, contrastant avec l'omniprésence du métaverse.

J'ai vécu le jeu comme une véritable séance de psy, explorant la psychologie de Sam, dont la perception de la réalité se trouble. Le joueur est subtilement invité à douter de ce qu'il perçoit, un processus brillamment orchestré par le personnage de Dollman. Les choix scénaristiques sont audacieux, du début à la fin, avec des rebondissements explosifs et un assemblage progressif des pièces du puzzle jusqu'au moment décisif. Le jeu d'acteur est exceptionnel, Luca Marinelli dans le rôle de Neil étant particulièrement remarquable.

sam-death-stranding-2

Gameplay : Plus riche, plus dynamique, tout simplement plus "fun" !

Si le premier Death Stranding a souvent été qualifié de "simulateur de marche", cette suite marque une évolution majeure. On peut comparer la transition à celle entre Metal Gear Solid 1 et 2 : le premier posait les bases, le second les développait en profondeur. En comparaison, Death Stranding 2 donne au premier une sensation de "primitivité".

Le monde est désormais bien plus dynamique et varié. Le désert mexicain et la faune australienne sont soumis à des conditions météorologiques extrêmes : tempêtes de sable qui vous balayent, inondations dues aux pluies intenses, tempêtes de feu, et tremblements de terre provoquant des avalanches. La diversité des environnements est à couper le souffle : des pics montagneux arides aux déserts de sable blanc, en passant par des jungles luxuriantes et des étendues rocheuses lunaires. L'éclairage, qui change au fil du jour et de la nuit, affecte même la température de votre précieuse cargaison.

La connectivité en ligne asynchrone reste unique et a été considérablement enrichie. De nouvelles structures, comme des tyroliennes désormais incurvées, des abris sûrs pour les checkpoints, et (ma préférée !) des rampes qui propulsent Sam dans les airs comme Sonic, rendent l'expérience encore plus stimulante. Croiser des PNJ porteurs et leur adresser un "pouce levé" ajoute une touche d'humanité inattendue.

deaths-stranding-2-on-the-beach-test-bf

La personnalisation est également très poussée :

Sam : Ses capacités s'améliorent à mesure que vous les utilisez, et de nouveaux bonus sont débloqués via un arbre de compétences, en fonction de son rang de porteur dans chaque zone (furtivité, combat...). C'est un système RPG léger qui permet d'adapter Sam à votre style de jeu.

Sac à dos et véhicules : Vous pouvez fabriquer une multitude d'accessoires : pochettes de munitions supplémentaires, boucliers, etc. J'ai adoré pouvoir équiper mon camion d'un bras robotique pour récupérer automatiquement les colis perdus, puis y fixer des mitrailleuses pour traverser les bases ennemies comme un tank. C'était incroyablement satisfaisant !

Marcher reste une option viable, mais le jeu débloque rapidement de nouvelles options et équipements (squelettes, porteurs, gants puissants pour fracasser les mechs, chapeau de loutre pour flotter) qui encouragent l'expérimentation. Les améliorations, bien que modestes individuellement, transforment profondément le gameplay une fois combinées.

Les combats sont plus fréquents et offrent une richesse inédite. Si la difficulté n'est pas toujours leur principal enjeu, la scénarisation des affrontements est remarquable, rendant certains moments particulièrement mémorables. Ce qui est vraiment jubilatoire, c'est la possibilité de débloquer de nouvelles armes et des approches variées pour vaincre les adversaires au fil de l'aventure. Cela s'applique aussi aux équipements de déplacement, qui transforment radicalement la manière d'aborder les environnements et les combats.

test-death-stranding-2-on-the-beach

Le Combat : Une influence assumée de Metal Gear Solid

Le système de combat a également été revu à la hausse, offrant trois approches contre les humains ou les fameux Échoués : l'infiltration, le tir pur, ou l'évitement total des rencontres. Grâce aux nouvelles méthodes de déplacement, cette troisième option est plus que jamais viable, même si vous rateriez une partie du fun !

Death Stranding 2 évoque fortement un Metal Gear Solid 6 non officiel, prolongeant le design en monde ouvert et la transition fluide entre furtivité et combat du cinquième opus. Les bases ennemies regorgent d'opportunités d'infiltration pour des éliminations silencieuses, ou d'assauts frontaux avec un arsenal démentiel : pistolets, fusils d'assaut, fusils à pompe, lance-grenades, un boomerang de sang (Australie oblige !), et le retour de mon cher lance-Bolas. Les combats sont percutants, parfois explosifs, et plutôt accessibles.

Sam peut utiliser différents types de camouflage, se cacher dans les herbes hautes, et déployer la petite poupée Dollman pour repérer et marquer les ennemis à la manière d'Assassin's Creed. Même sans la panoplie de gadgets et la mobilité de Big Boss, l'impression de furtivité à la Metal Gear est bien présente.

Les combats contre les Échoués (BTs) sont plus dynamiques. Ces ennemis autrefois invisibles sont désormais plus perceptibles, et les nouveaux types "Watcher" peuvent réellement voir Sam, augmentant la tension. Avec un arsenal varié, les affrontements avec les BTs ne sont plus des séances d'apnée ennuyeuses, mais de véritables fusillades contre des visions cauchemardesques. Les BTs ont peut-être perdu un peu de leur facteur peur, mais l'ambiance reste sombre et atmosphérique sous la pluie. Les rares boss que j'ai affrontés étaient fantasmagoriques et absolument dantesques. Si certains m'ont marqué par leur mise en scène et l'agencement de l'affrontement, d'autres m'ont bluffé par le feu d'artifice visuel auquel j'ai eu droit tout au long du combat.

death-stranding-2-test-on-the-beacg

Références et héritage : Entre nostalgie et renouveau

L'esthétique futuriste, les effets sonores, et le design de furtivité en monde ouvert rappellent inévitablement les jeux passés de Kojima. Les références sont nombreuses, des clins d'œil subtils aux moments carrément absurdes. Si le mystérieux personnage à la Snake (Luca Marinelli) est un clin d'œil amusant, la présence répétée d'un "cyber-ninja/samouraï" semble un peu usée. Le nouveau vaisseau mobile DHV Magellan est un Metal Gear dans tout sauf le nom. En son sein, on découvre même un personnage ayant perdu un membre qui fait référence à sa "douleur fantôme"...

J'ai des sentiments mitigés face à cela. En tant que fan de Metal Gear, c'est amusant de retrouver des thèmes familiers, et le combat est grandement amélioré. C'est comme si Kojima répondait directement aux détracteurs du premier jeu. Pourtant, comparée à l'originalité du premier, cette sur-familiarité de la suite peut sembler un petit pas en arrière. 

La musique : Woodkid prends la relève d'une manière magistrale

L'une de mes fonctionnalités préférées est le lecteur de musique. Disponible à mi-parcours, il permet de créer des playlists avec les morceaux collectés et de les écouter à tout moment (dans le réseau chiral). Si la musique de Low Roar était intrinsèquement liée à l'identité du premier jeu, il est incroyablement libérateur de pouvoir créer ses propres moments épiques en explorant chaque sommet et chaque vallée, en ajustant la caméra pour le point de vue le plus majestueux.

La collaboration avec Woodkid pour la bande-son est exceptionnelle et un excellent choix pour prendre le relais de Low Roar, dont le chanteur nous a malheureusement quittés. La bande-son est désormais un mélange plus diversifié d'artistes et de styles, avec Woodkid en tête, dont les compositions accompagnent chaque instant : action, suspense, mais aussi les longs et méditatifs voyages. Ce changement apporte une tonalité moins sombre et plus porteuse d'espoir au jeu, axée moins sur la peur de la mort et plus sur la préservation de la vie.

death-stranding-2-tempete-de-neige

La musique continue de créer des moments qui donnent la chair de poule : quand Sam émerge d'un bunker, il marche prudemment sur un paysage lunaire, des basses profondes grondent, une voix éthérée s'élève. Il atteint le sommet d'une colline au moment où la musique culmine, une grande structure monolithique dominant l'horizon comme un objectif tentant. On n'est plus en Islande, mais ce sont toujours ces moments de pause calmes et méditatifs après une bataille acharnée qui frappent le plus fort.

Verdict : Un chef-d'œuvre profond et audacieux

DIAMANT (3)

9,5/10

Après ces longues heures de jeu, j'ai apprécié mon temps avec Death Stranding 2 bien plus que l'original. Il est plus dense, plus rythmé, plus dynamique, plus captivant. Juste quand je me sentais las de la traversée, une nouvelle amélioration ou un nouvel équipement me relançait. Quand l'histoire me laissait sur ma faim, une nouvelle bizarrerie de Kojima me faisait sourire et quand je pensais avoir cerné Death Stranding 2, il me surprenait de nouveau. Death Stranding 2 m'a fait passé par toutes les émotions, et c'est le signe d'un grand jeu. C'est comme si Death Stranding n'était qu'un concept, et que sa suite en réalisait pleinement la promesse, avec une généreuse dose de Metal Gear, à condition d'adhérer à cet univers.

Death Stranding 2 est clairement un travail d'amour, débordant de systèmes de jeu finement équilibrés, de visuels exceptionnels, et de détails superflus (je vous invite à lire les livres dans le DHV Magellan), le tout enveloppé dans l'irrésistible sens du style de Kojima. À l'image du studio d'où il travaille, le jeu est une passerelle vers son esprit post-pandémique. Maintenant dans la soixantaine, il y contemple la vie, la mort, la famille, la connexion humaine, son futur héritage. En ce sens, c'est, jusqu'à présent, le jeu le plus "Kojima" à ce jour, une véritable culmination de toutes ses précédentes réalisations.

Ce jeu m'a touché profondément. Il m'a poussé à la réflexion, et j'y pense encore en écrivant ces lignes. C'est une œuvre magnifique porteuse de messages puissants, qui peut et doit inspirer. Il est vrai que les créateurs de la trempe d'Hideo Kojima se font rares, et c'est dommage. Bien sûr, ce jeu ne plaira pas à tout le monde. Il demande d'aller chercher quelque chose de plus qu'une simple séquence de gameplay amusante ou satisfaisante. Mais tant mieux : c'est un jeu qui ose explorer des thèmes audacieux et construire une histoire autour, invitant le joueur à prendre part à ce récit et à ses questionnements.

Et à la question de savoir si nous aurions dû nous reconnecter ? Après cette expérience, je répondrais par la positive. Chacun se fera son avis.

Un accès au jeu nous a été fourni par Sony PlayStation France dans le cadre de ce test.

La Newsletter Breakflip