LoL : La TCL ou les problèmes du recrutement occidental

Pourquoi un certain nombre de joueurs coréens s'exportent en Turquie plutôt qu'en LCS ?

Frozen, Chaser, GBM, SnowFlower, Cepted, Malrang… Ces noms vous disent sûrement quelque chose si vous suivez la LCK depuis quelques années. Ils ont tous fait partie des bons, voire très bons, joueurs de la ligue coréenne à un moment donné de leur carrière. Leur point commun ? Ils évolueront tous la saison prochaine au sein de la ligue turque, la TCL. Si certains, comme Chaser ou GBM, ont clairement vu leur niveau de jeu diminuer, d’autres ont clairement montré cette saison qu’ils avaient encore les capacités pour évoluer au plus haut niveau. Mais alors pourquoi les ligues occidentales se privent-elles de talent potentiel ?

Tout d’abord une présentation rapide sur la TCL s’impose. Marquée par l’arrivée rapide des clubs de football (Besiktas, Fernebahçe ou Galatasaray), la région turque a été précurseure dans de nombreux domaines pour les régions mineures : rosters hybrides turcs/européens avec l’importation de joueurs expérimentés (Wickd, niQ760, NoXiAK, Nerroh, Darlik), développement des talents locaux (Dumbledodge, Thaldrin, Naru) et mise en place de coaching staff pour améliorer l’aspect stratégique qui fait souvent défaut aux équipes des régions mineures. Si les équipes turques n’ont pas encore marqué le grand public comme ont pu le faire KaBuM!, Albus Nox Luna ou GIGABYTES Marines, leur régularité lors des événements internationaux (participation aux MSI 2015 et 2016, ainsi qu’aux Worlds 2014 et 2017) et leurs bonnes prestations (qualification de Fenerbahce en 2017 via le Play-in) font de la TCL l’une des meilleures ligues mineures si ce n’est la meilleure.

Les Coréens préfèrent la Turquie à l'Europe

Fenerbahce a parfaitement représenté la TCL aux Worlds 2017 (Crédit photo : LoL esport)

Mais la compétitivité reste tout de même moindre que dans les ligues majeures occidentales, alors pourquoi des talents coréens tels que Frozen choisiraient de rejoindre la TCL plutôt que les LCS EU ou NA ?

Si l’argent semble être le principal intérêt (des rumeurs circulent sur un salaire de 200 000 dollars par an pour Frozen), le souci vient plutôt des formations occidentales et de leur problème à sélectionner leurs joueurs coréens. Car si certains ont été des réussites (Trick, Huni, Reignover, Flame, Olleh), on ne compte plus les noms inscrits sur la liste des déceptions (Gamsu, Parang, Mightybear, Seraph, kfo, ohq, Hachani).

Pendant cette intersaison, le cas du duo Cepted/Malrang est assez criant. Les deux joueurs étaient membres d’Ever8 Winners durant le Summer Split, équipe qui a terminé à la dernière place de la LCK. Mais malgré les résultats le jungler et surtout le midlaner, ont été particulièrement performants. Cepted a régulièrement tenu tête aux meilleurs joueurs de son poste (Faker, KurO, Kuzan) et a très certainement été le meilleur rookie midlane de la saison toutes ligues confondues. Les analystes et commentateurs étaient tous d’accord pour dire que le jeune joueur méritait d’évoluer au sein d’une équipe digne de son talent pour 2018.

Les Coréens préfèrent la Turquie à l'Europe

Cepted a été particulièrement performant, même dans une équipe en difficulté (Crédit photo : Kenzi)

Alors comment lui et son jungler peuvent terminer au sein de la modeste équipe de Royal Bandits quand les LCS NA adoptent le modèle de franchise, qui permet de développer ses talents sans risque de relégation, et que les LCS EU suivront bien la même voie ? Comment cette même compétition européenne, qui vient de perdre un certain nombre de ses joueurs au profit de la ligue outre-Atlantique, préfère conserver ses vétérans en fin de carrière quand des jeunes talents comme Cepted sont disponibles ? Comment des joueurs de ce calibre peuvent partir “gâcher” leur talent dans une ligue qui malgré tout, ne pourra pas leur offrir la même exposition et des conditions d’évolution équivalentes aux structures LCS ? Comment des joueurs qui ont, depuis plusieurs splits, prouvés qu’ils n’avaient pas ou plus le niveau et que la communauté pointe régulièrement du doigt comme Sprattel, Lourlo, LemonNation ou Amazing peuvent encore trouver des équipes ?

Le copinage présent au sein des LCS est un vrai problème, il empêche des jeunes d’évoluer pour conserver des joueurs qui n’ont plus leur place. Un manque de connaissance/réseau ne devrait pas être un handicap pour un joueur à l’heure où la scène League of Legends se veut plus professionnelle que jamais. Car en continuant dans cette voie, les régions mineures où l’évaluation du talent parait meilleure finiront par prendre le dessus sur les régions majeures qui n’arrivent pas à les repérér.

Le meilleur exemple de cette différence de jugement est symbolisé par le midlaner de 1907 Fernebahçe Esports, Frozen. Après une saison 2016 en demi-teinte chez Longzhu Gaming, il a rejoint la formation turque et l'a menée aux phases de poules des championnats du monde tout en impressionnant par des performances de très haut niveau. Tandis qu’en Europe Origen recrutait Wisdom et NaeHyun, qui n’avait jamais remporté une partie professionnelle, et Vitality s’octroyait les services d’Hachani, que l’équipe a traîné comme un fardeau pendant tout le spring split, et de GBM qui n’a disputé que 3 parties durant le printemps, pour compenser la mise à pied du support coréen.

Les Coréens préfèrent la Turquie à l'Europe

Frozen a été impressionnant aux Worlds (Crédit photo : LoL esport)

Si l’arrivée des franchises aidera certainement à compenser ce retard d'évaluation des joueurs à l’étranger, de détection des talents et de leur développement dans de bonnes conditions, l’occident reste très en retard sur la Corée, et dans une moindre mesure la Chine, où des rookies explosent chaque année et sur lesquels les équipes n’hésitent pas à miser.