LoL : SKT, un monument en danger ? - LCK 2018

Retour sur le début de saison catastrophique de la célèbre structure coréenne.

La ligue coréenne (LCK) est reconnue depuis des années comme la compétition la plus relevée de la planète. Au milieu des équipes phares un nom est devenu synonyme de victoire : SK telecom T1. Mais en ce début de saison où toutes les formations sont en mesure de se battre, ou à minima de se tenir tête, le collectif emmené par Faker est au plus mal. Avec une seule victoire de rang arrachée contre ROX Tigers lors de leur premier match, la structure triple championne du monde reste sur 4 défaites de suite, dont la dernière en date contre MVP qui n’avait pas remporté la moindre partie depuis le début de la saison. Décryptage de ce début d’année ratée.

Une équipe en plein doute

La première chose qui frappe lorsque l’on regarde SKT jouer, c’est le manque total de coordination. Faker joue les pompiers un peu partout sur la Faille, parfois à tort, les lanes sont isolées les unes des autres, les junglers ne savent pas quoi faire sur la carte. Le retour de Wolf en support a apporté de légères améliorations, mais on était très loin de la communication qui faisait la force de SKT depuis plusieurs saisons. Ces doutes se traduisent également dans l’attitude du coaching staff, où kkOma, qui officie désormais en tant qu’Head Coach, accapare la parole durant les phases de draft et les debriefs d’après partie, laissant peu de place à PoohManDu et Bengi, les deux autres coachs de l’équipe.

La formation présente la moins bonne différence de gold à 15 minutes, -904, et possède pratiquement les plus mauvaises statistiques en prise de tour et contrôle des dragons et du Héraut de la faille, faisant d’elle la pire équipe en début de partie de la ligue. Si SKT n’a jamais fait des premières minutes de jeu sa priorité, un tel retard couplé à une communication déficiente et des individualités loin de leur meilleur niveau de jeu font que l’équipe n’y arrive pas en ce début de saison.

SKT, un monument en danger ?

Thal et Blank ne performent pas comme SKT le voudrait (Crédit photo : SK telecom)

Des individualités pas au niveau

Si Blank a brillé la saison dernière en tant que deuxième jungler, il n’arrive toujours pas à reproduire ses performances en tant que titulaire, alternant entre mauvaises décisions et erreurs mécaniques. Pour compenser, Wolf a entamé une reconversion qui n’a eu de succès que lors de sa première partie, ramenant la seule victoire de la formation. Par la suite son manque d’expérience lui a cruellement fait défaut. Quant au troisième jungler, Blossom, il n’a toujours pas fait la moindre apparition.

Le retour à son poste de prédilection de Wolf n’a pas changé grand-chose, mais cela a renforcé l’idée que sa présence était capitale pour la communication. Car le jeune Effort semble beaucoup moins à l’aise dans cet aspect du jeu, en plus de se retrouver parfois à faire des erreurs grossières qui lui coûtent la vie ou font perdre de la pression à l’équipe. Enfin leur partenaire de lane, Bang, va mieux qu’en fin de saison dernière, mais pratique un jeu plus safe et se retrouve rarement en position de carry.

Du côté de la toplane Untara a confirmé les limites qu’il avait montré la saison dernière. Il est coupable d’un certain nombre d’erreurs mécaniques, meurt trop facilement sur les ganks et n’a pas la capacité de carry que pouvaient avoir ses prédécesseurs. Son remplaçant Thal s’est montré capable de dominer sa lane mais son manque d’expérience se fait ressentir lors des phases regroupées et surtout dans l’utilisation de ses téléportations, ce qui est globalement insuffisant au sein d’une ligue aussi compétitive.

 

Le cas Faker

Très critiqué pour des erreurs inhabituelles chez lui comme ses timings de back lors de la Telecom War, il est le midlaner qui meurt le plus en LCK avec 27 morts. Mais il est également le joueur avec le plus de kills et le plus d’assistances à son poste, respectivement 50 et 68, et il possède donc la plus haute participation aux kills de son équipe parmi les midlaners avec 83.1%. Il est également le midlaner avec le plus de dégâts infligés par minutes, 594. Dans la plupart des statistiques, que ce soit le pourcentage d’or, les stats de lane ou les différences de farming, la superstar se place presque toujours dans les trois meilleurs du poste.

Faker ne performe pas moins bien, il est juste plus esseulé que jamais. Les équipes ont compris cela et n’hésitent pas à investir pour contenir l’impact du triple champion du monde. C’est également pour ça que chacune de ses erreurs coute si cher à la formation, car il est la dernière pierre d’un monument SKT qui menace de s’écrouler à chaque instant.

SKT, un monument en danger ?

On avait laissé Faker seul aux Worlds 2017, les choses n'ont pas changé en 2018 (Crédit photo : LoL esport)

Quel avenir ?

C’est une question que certains commencent à se poser, la structure devra-t-elle jouer sa survie au lieu des Play-offs à la fin du Spring Split ? Si le début de saison est peu encourageant, il faut également voir ce qui peut aller mieux. Tout d’abord l’équipe ne peut à priori pas aller plus mal, et elle ne pourra que s’améliorer sur la durée. Ensuite il faut garder en tête qu’en dehors de MVP, SKT a affronté Kingzone, KT, Jin Air qui font partie des meilleurs collectifs de la ligue. Il faut également rappeler que des débuts ratés ne sont pas synonymes de split raté. On peut penser à Team Solomid au printemps 2016, qui après avoir terminé sixième de la saison régulière, se hissera jusqu’en finale. Team ROCCAT la saison dernière, qui a remporté tous ses matchs après avoir perdu les 7 premiers, pour au final frôler une qualification en Play-offs. SKT aussi a connu un été compliqué en 2017, avant de remonter tout l’arbre des Play-offs coréens et d’arriver en finale des Mondiaux. De même cette saison une partie des favoris locaux ont du mal à lancer leur saison, que ce soit TSM, G2 Esports, Fnatic, Royal Never Give Up ou encore ahq e-Sports Club. Enfin si les rookies que sont Effort et Thal ne donnent pas pleinement satisfaction pour l’instant, ils pourraient finir par se révéler, tout comme Blossom qui finira par faire ses débuts. En l'état la réussite de ce roster sur le long terme (le Summer Split et les Worlds) reste hypothétique.

Mais à court terme si SKT veut conserver sa couronne du Spring Split et de représentant coréen au MSI les options sont peu nombreuses. Il est peu probable qu’un changement de méta survienne pour permettre à Faker de carry seul. Un déclic qui redonne confiance au joueur est envisageable, mais il est impossible de prévoir s’il aura lieu. Enfin des rumeurs commencent à circuler sur des modifications du roster pour la deuxième partie du Spring Split, avec la reformation de SKT 2015, avec les retours de MaRin et Bengi.

SKT, un monument en danger ?

Reformer SKT 2015, la solution pour survivre en 2018 ? (Crédit photo : LoL esport)

Il est vrai que voir SK telecom T1 dans une telle position de faiblesse est inattendue et donne envie de les enterrer. Mais il est trop tôt pour ça, surtout dans le cas de cette structure qui s’est, par le passé, toujours relevée de ses échecs, que ce soit après la saison 4, la défaite contre kt Rolster en Play-offs 2016 ou le Summer Split 2017. Dire que cette version de SKT est la plus faible s’avérera certainement vrai, il faut cependant encore attendre quelques semaines de compétition avant de la juger réellement.