Test The Precinct : notre avis sur un GTA-like inversé après plusieurs patrouilles

Plongez dans notre test de The Precinct, un jeu d'action néo-noir des années 80. Découvrez ses mécaniques de patrouille, son ambiance rétro et ses limites techniques.

Sorti en 2025, The Precinct est un jeu développé par Fallen Tree Games, un micro-studio britannique indépendant composé d’à peine cinq personnes. Le projet naît d’une idée aussi simple qu’audacieuse : revisiter les premiers GTA en vue top-down, non pas à travers les yeux d’un criminel, mais dans la peau d’un jeune officier de police. Un choix narratif et ludique atypique dans un genre dominé par la violence gratuite et l’anarchie ambiante.

Ce positionnement atypique n’est pas sans risque. Dans un contexte post-George Floyd, où la représentation des forces de l’ordre dans les médias soulève de nombreuses questions, Fallen Tree Games choisit d’assumer son sujet sans détour, ni glorification ni caricature. The Precinct est à la fois un hommage aux polars néo-noir des années 80 et une simulation policière qui tente de poser des limites claires dans un monde vidéoludique habitué à transgresser les règles.

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Test de The Precinct : plongée dans l’ordre et le chaos d’un monde ouvert rétro

Le jeu nous plonge dans Averno, une ville fictive rongée par la criminalité, la corruption, et un certain désenchantement institutionnel. L’ambiance évoque les grandes heures des polars noirs américains des années 80, entre ruelles crasseuses, néons clignotants et voitures banalisées. Cette atmosphère rétro est servie par une direction artistique volontairement sobre, marquée par un léger cel-shading et une palette de couleurs froide. Les bâtiments, les sons urbains et la bande-son synthwave/darkwave viennent renforcer cette immersion dans un monde désabusé.

Ce choix artistique fonctionne d’autant mieux que le monde ouvert, bien que modeste en superficie, évite le piège du gigantisme creux. Chaque quartier d’Averno a sa personnalité, chaque ruelle peut devenir une scène de crime ou d’intervention imprévue. Fallen Tree fait ici le choix de la densité plutôt que de l’étendue, un pari gagnant pour l’immersion.

the-precinct-1source : Kwalee

Un gameplay rigide mais réfléchi

Dans The Precinct, le joueur incarne Nick Cordell Jr., jeune recrue d’une brigade de police, dont le père – lui-même officier – a été tué en service. Si cette toile de fond narrative sert de fil rouge, le gameplay, lui, repose sur un système de quarts de patrouille : chaque jour, le joueur choisit une mission (patrouille motorisée, surveillance, intervention armée, infiltration, etc.) et doit la remplir en respectant scrupuleusement un manuel d’intervention.

Les actions sont codifiées : sommations verbales, usage progressif de la force, interpellation, fouille, transport au commissariat. Dévier de la procédure entraîne des pénalités, parfois lourdes. Ouvrir le feu sans justification, par exemple, peut nuire à votre réputation, à vos statistiques, voire entraîner une suspension. Cette volonté de réalisme procédural donne au jeu un ton sérieux et pousse à jouer avec méthode.

Paradoxalement, cette rigueur n’annihile pas la tension. Bien au contraire. Dans les moments critiques — braquages, fusillades, prises d’otages — la montée d’adrénaline est palpable. L’urgence de réagir, la peur de mal faire, et l’impossibilité de “forcer” le système rappellent que vous n’êtes pas un héros tout-puissant, mais un agent tenu de rendre des comptes.

the-precinct-2source : Kwalee

Un système de progression intelligent

Le jeu adopte un système de progression par arbre de compétences, articulé autour de l’expérience gagnée lors des interventions réussies. Jouer “proprement” permet de monter en grade rapidement, de débloquer de nouveaux équipements (gilets pare-balles, armes, véhicules) et de nouvelles possibilités comme appeler un véhicule-bélier ou dresser un barrage routier.

Ce système donne un vrai sentiment de montée en puissance, sans casser l’équilibre général. Il favorise également un roleplay naturel : on finit par se comporter comme un vrai flic, non pas parce que le jeu nous y force, mais parce que c’est la voie la plus efficace et la plus immersive.

Un récit discret mais structurant

La trame narrative suit un rythme lent, presque en filigrane. Les premiers jours de jeu se concentrent surtout sur les patrouilles et les interactions avec l’environnement. Mais peu à peu, des éléments relatifs à la mort du père du héros émergent. Intrigues de gangs, manipulations internes, suspicions de corruption… Le troisième acte du jeu, plus intense, vient perturber la routine acquise, remettant en question les fondements de votre mission.

Si cette narration reste modeste dans son ampleur, elle sert efficacement le propos du jeu. Elle ne cherche pas à vous submerger de cutscenes ou de rebondissements, mais à distiller un malaise progressif : que signifie encore “faire le bien” dans un système où la ligne morale est si floue ?

the-precinct-3source : Kwalee

Technique : des ambitions freinées par des limites

Comme on pouvait s’y attendre pour un jeu conçu par une équipe aussi réduite, The Precinct n’est pas exempt de problèmes techniques. Bugs d’intelligence artificielle (coéquipiers inactifs, malfrats incohérents), pathfinding erratique, et même plusieurs crashs pendant les missions longues viennent ternir l’expérience. Certains événements, comme une voiture projetée dans les airs pour finir encastrée dans un immeuble, rappellent que le moteur du jeu a ses limites.

Ces défauts ne sont pas rédhibitoires, d’autant que les développeurs ont promis des correctifs via des patchs. Toutefois, ils freinent l’immersion et rappellent que l’indépendance créative a parfois un coût technique.

Une approche politique discrète mais présente

Si The Precinct ne se revendique pas comme un jeu militant, sa mécanique même est fondamentalement politique. Le joueur est confronté à un système qui valorise la productivité policière, les quotas d’amendes, la pression hiérarchique et la tentation de la facilité. Le jeu ne vous propose pas de choisir entre “bon” et “méchant” comme dans un RPG classique. Il vous place dans un carcan, et vous demande ce que vous êtes prêt à faire pour rester intègre.

C’est cette responsabilisation du joueur, plutôt qu’un choix moral binaire, qui fait la force du jeu. En cela, il se rapproche plus d’un Disco Elysium (sur le plan de la réflexion éthique) que d’un GTA-like pur jus.

the-precinct-4source : Kwalee

Verdict : 6,5/10

PLATINE

The Precinct est un jeu imparfait, mais courageux. Il tente d’allier rigueur procédurale, ambiance rétro et gameplay nerveux sans sombrer dans la caricature. Malgré ses limites techniques et sa certaine répétitivité, il propose une expérience singulière, à mi-chemin entre simulation réaliste et fiction policière introspective.

Pour un studio aussi modeste, le résultat impressionne. Et dans un monde ouvert vidéoludique saturé de clones, The Precinct réussit l’exploit de proposer quelque chose de nouveau, sans renier le plaisir de jeu.

Points forts

  • Ambiance néo-noir réussie, entre rétro et désenchantement

  • Système de patrouille original et immersif

  • Gameplay exigeant, mais gratifiant

  • Progression bien pensée via l’arbre de compétences

  • Ville compacte, mais dense et vivante

  • Une vraie réflexion sur la responsabilité policière

Points faibles

  • Répétitivité des missions sur le long terme

  • Bugs techniques fréquents (crashs, IA)

  • Narration secondaire un peu discrète

  • Rigidité procédurale qui peut frustrer

  • Quelques soucis de pathfinding et de physique

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