La H1Z1 Pro League faisait ses grands débuts dans la nuit de
samedi à dimanche, avec deux matchs pour la première journée de la saison. L’occasion pour nous d’évaluer à la fois le potentiel de la compétition, ainsi que le niveau de production.
Un niveau de production à la hauteur de la compétition
Pour rappel, la H1Z1 Pro League est le fruit d’un partenariat entre 3 acteurs économiques : l’éditeur du jeu Daybreak, Twin Galaxies (un spécialiste de
l’organisation de compétition) et Caesar Entertainment (une société de gestion de casinos et d’évènements médiatiques et sportifs).
C’est pourquoi avec de tels professionnels, il n’est pas surprenant que le niveau global de la production tienne la route. La scène de la compétition ressemble à celle utilisée lors de la
TwitchCon 2017. Bien qu’elle ne soit pas aussi impressionnante que certaines autres compétitions Esports, celle-ci a néanmoins l’avantage de permettre un point de vue global pour les spectateurs
présents dans les gradins.

La scène de la H1Z1 Pro League (Crédits Twin Galaxies)
Concernant l’animation sur le stream, la soirée inaugurale de la H1Z1 Pro League avait mis les petits plats dans les grands, en invitant de nombreux streameurs comme Summit1G, Shroud ou encore
FemSteph ainsi que l’actrice Michelle Rodriguez. Si les interactions entre les différentes personnes sur le plateau furent parfois un peu maladroites, le produit final était assez
satisfaisant pour une première.
L’expérience du spectateur en cours de partie
Sur la compétition et le stream en lui-même, il faut rappeler que H1Z1 possède une certaine expérience en la matière, grâce à l’organisation de nombreux tournois l’année dernière, avec notamment
le King of the Hill qui avait été diffusé sur la télévision américaine.
A ce niveau là, la production a travaillé afin de rendre les informations en jeu les plus visibles possibles à travers des skins d’équipe, des outils permettant d’afficher les joueurs à travers
les objets ainsi que des plans réguliers sur une map voire une minimap.

L’interface du stream lors des parties (Crédits Twin Galaxies)
Néanmoins, les changements de points de vue sont assez limités, ce qui empêche souvent de voir une partie des actions. Ce problème est lié à la nature du jeu, c’est pourquoi avec 75 joueurs sur la
même carte, il est particulièrement complexe d’avoir une vue d’ensemble ainsi que de toutes les actions chaudes.
La production a toutefois pensé à incorporer des VOD avec le point de vue des différents joueurs, ce qui permettra aux fans et à ceux qui veulent produire du contenu de revoir et d’analyser toutes
les actions. Cette option est particulièrement intéressante, même si son impact sur la popularité de l’émission sera plus que limité.
Un potentiel toutefois assez limité
Le principal enjeu est bien là : la H1Z1 Pro League peut-elle s’imposer comme une compétition majeure du panorama Esport ? Il serait peu réaliste de pouvoir répondre à cette question
après seulement une soirée de jeu, néanmoins cette première journée de la saison nous a donné quelques éléments de réponse.
Tout d’abord, le niveau global de spectateurs était assez faible sur le channel principal durant le live de samedi. En outre le taux d’engagements sur les réseaux (notamment Twitter) était
également assez limité pour une soirée d’inauguration. Si la ligue et les organisations ont joué le jeu, le résultat est assez décevant étant donné les investissements réalisés.

La faible population de joueurs limite la visibilité de la ligue (Crédits Twin Galaxies)
A ce niveau, la principale raison pour expliquer ces chiffres est la taille de la communauté du jeu H1Z1. Si début 2017 la popularité du jeu était encore forte, le Battle Royale a perdu
plus de 90% de ses joueurs en quelques mois à la suite de la sortie de PUBG. Pire encore, le jeu n’a pas connu un regain important malgré son passage en free to play en mars dernier.
Par ailleurs, le partenariat exclusif avec Facebook limite
l’attractivité de la compétition, mais également son potentiel : alors que Twitch domine la guerre du streaming en ligne, Facebook est encore un acteur mineur de la scène, ne disposant pas d’un
portail aussi populaire et visible que l’offre d’Amazon. S’il est vrai que Facebook dispose d’une communauté incomparable, les spectateurs de contenus Esport n’ont pas l’habitude de suivre les
compétitions sur ce réseau social.
Enfin, le jeu en lui-même n’est pas forcément le mieux optimisé pour attirer du public sur la Pro League : le rythme des parties est généralement assez lent, puisque les
premières minutes sont dépourvues d’actions. Les équipes drop à différents points de la carte et loot, évitant au maximum les confrontations avant que le gaz n’occupe une grande partie de la map. Si
H1Z1 n’est pas dépourvu d’attrait sur le plan stratégique (voir notre deuxième partie), le rythme de jeu assez lent pourrait ne pas plaire à un public plus casual qui s’attend à voir des parties
aussi sanglantes que dans la version en ligne du jeu de Daybreak.
Dès lors, avec actuellement peu de joueurs actifs sur H1Z1 et un partenariat avec Facebook pouvant potentiellement limiter l’acquisition « passive » de spectateurs d’Esport, le pari de la H1Z1
Pro League parait risqué et les premiers résultats confirment cette analyse.
Mais qui peut attirer un public niche
Pour autant, le niveau de production de la H1Z1 Pro League donne un produit qui peut plaire à des fans d’Esport en général, mais aussi de Battle Royale. En effet, là où la majorité des jeux
propose des ligues avec plusieurs dizaines de matchs par semaine, le modèle de la Pro League pourrait attirer un public souhaitant suivre un tournoi récurrent mais peu chronophage
(voir notre article sur le format de la ligue).
En outre, l’aspect stratégique du jeu est très important et ce, à toutes les étapes d’une partie. Si pour le moment, les équipes drop à des points différents en évitant soigneusement d’atterrir
trop près d’une autre formation, il est possible que les analystes des organisations mettent au point des stratégies afin de contrer les habitudes de loot de leurs adversaires. On pourrait donc voir
des squads se diviser afin de rapidement récupérer des loots avant que d’autres groupes ne passent sur ces positions, créant ainsi une stratégie de dénis des objets. De nombreux aspects du jeu
pourraient évoluer dans le temps, rendant les manches bien différentes de celles d’aujourd’hui.
De plus, Daybreak espère profiter du manque de structure Esport sur PUBG et Fortnite
pour attirer les joueurs fans de Battle Royale sur son stream. Bien que les trois jeux soient assez différents sur bien des niveaux, le principe même d’un BR est universel, rendant la compréhension
du stream de la Pro League particulièrement aisée pour un initié à ce style de jeu.

Les 15 équipes de la H1Z1 Pro League
Enfin, grâce à son calendrier étendu sur plusieurs mois, la H1Z1 Pro League pourrait bénéficier de période de creux des compétitions Esport concurrentes pour attirer un public en manque de
tournoi. D’autant plus que la ligue bénéficie de nombreuses organisations populaires sur la scène Esport, qui pourraient séduire à la longue un public non négligeable.
Dès lors, même si les organisateurs de la H1Z1 Pro League ont globalement réalisé un bon travail de production, les premiers résultats de la compétition indiquent que le problème est ailleurs.
Globalement, la faible communauté sur le jeu est le premier facteur limitant la réussite de l’évènement, toutefois il faut souligner que l’expérience des spectateurs sur un Battle Royale (quelque
soit son titre) rend l’exercice particulièrement compliqué de part le rythme des parties, et le nombre des participants actifs. Il ne serait donc pas surprenant de voir les rivaux de H1Z1 rencontrer
des difficultés similaires lors du lancement de ligues majeures.
Toutes les infos sur la H1Z1 Pro League
